L'église Saint-Médard est une église catholique paroissiale située à Villers-Saint-Frambourg, en France. Elle possède un petit clocher roman caractéristique du Valois, qui remonte vers 1170 / 1180 et représente sa partie la plus ancienne. Le chœur et ses deux chapelles latérales sont issus de trois campagnes de construction rapprochées, pouvant être situées pendant la seconde moitié du XIIIe siècle. C'est donc une œuvre de la période gothique rayonnante dont il garde l'empreinte, bien que des réparations au cours du XVIe siècle aient apporté des simplifications. Le plan de l'église est irrégulier du fait de la présence de la base du clocher : la chapelle du sud est plus petite que celle du nord. La nef et ses bas-côtés ont été entièrement bâtis pendant le XVIe siècle et affichent le style gothique flamboyant, sauf les grandes arcades du nord qui sont d'un style Renaissance tardif. Il en va de même de l'extérieur. Toute l'église a été construite avec soin, même si des moellons ont dû suffire pour la nef. C'est un édifice de qualité dont la richesse intérieure surprend en vue de l'austérité des façades, et qui donne un exemple de l'intérêt architectural qu'une petite église rurale d'apparence discrète peut avoir. Restaurée et bien entretenue, l'église Saint-Médard a encore accueillie une messe tous les jours de la semaine sauf le lundi et samedi jusqu'au mois de janvier 2014, fait assez rare pour être signalé. L'église est classée au titre des monuments historiques en totalité depuis 2004. Le chœur et le clocher avaient déjà été classés en 1913.

Localisation

L'église est située en France, en région Hauts-de-France, dans le département français de l'Oise et sa partie qui appartient au Valois, sur la commune de Villers-Saint-Frambourg au nord de Senlis. L'église marque le centre du village. Le chevet jouxte la rue de la croix Dupille, l'une des rues principales du village, tandis que la façade méridionale donne sur la place de la Mairie, qui se présente comme une pelouse avec des allées ombragées. La façade occidentale n'est que peu exposée aux regards. Elle donne sur un petit parvis, délimitée par le presbytère et la bibliothèque municipale, construites en enfilade avec la mairie, ainsi que par une propriété privée. L'on peut faire le tour de l'édifice grâce à l'étroit passage du Choléra, ancienne fosse commune qui longe l'élévation septentrionale et rejoint la rue de la croix Dupille. Avec un peu de recul, l'élévation septentrionale est également visible depuis la rue Vieille de Pont.

Historique

Sous l'Ancien Régime, la seigneurie et la cure de Villers-Saint-Frambourg appartiennent au chapitre de la collégiale Saint-Frambourg de Senlis, dont témoigne toujours le nom du village. Le patron de l'église est toutefois le premier évêque de Noyon et évangélisateur, saint Médard (456-545). La première église de style roman est bâtie au moment de l'érection du village en paroisse. N'en subsiste que son clocher, intégré dans les constructions ultérieures. La base du clocher devait se situer à l'intersection de la nef et du chœur, comme c'est le cas de la majeure partie des petites églises rurales de l'Oise et du Vexin français à la période romane. Cette disposition se reflète encore dans l'absence d'arcades dans les murs latéraux, au nord et au sud : il n'y avait pas de transept. Les auteurs s'accordent pour dire que le clocher date de la seconde moitié du XIIe siècle. Dominique Vermand, qui fait autorité en le domaine, date l'étage de beffroi et la flèche en pierre clairement des années 1170 / 1180. Cette pyramide appartient à la grande famille de flèches octogonales flanquées de pyramidons d'angle du Valois, et dont l'exemple le plus ancien est celle de l'église Saint-Vaast de Saint-Vaast-de-Longmont, datant de 1120 environ.

À partir du milieu du XIIIe siècle, le chœur est reconstruit successivement selon un plan plus vaste, comportant deux travées et deux chapelles latérales d'également deux travées. La première partie construite est le vaisseau central, composé d'une partie droite au nord de la base du clocher et d'une abside : ce vaisseau a pu coexister pendant quelques décennies avec le chœur primitif au sud. Toujours dans la seconde moitié du XIIIe siècle, une grande chapelle de deux travées est élevée au nord du vaisseau central, dont elle atteint pratiquement la même longueur. Pour Jean-Pierre Trombetta et Dominique Vermand, cette chapelle appartient encore au XIIIe siècle, alors que pour Raymond Poussard, le chœur serait dans son ensemble une œuvre du XIVe siècle. Son étude est effectivement compliquée par les réparations du XVIe siècle, quand tous les doubleaux (sauf un) et une partie des voûtes sont refaites, ainsi que par la grande homogénéité du chevet et du remplage des fenêtres. Comme le souligne Dominique Vermand, des ruptures sont toutefois visibles dans l'appareil et prouvent que tout n'a pas été bâti en même temps. La sculpture de l'un des chapiteaux de la chapelle nord fait preuve d'une évolution stylistique par rapport au vaisseau central, avec abandon du motif des feuilles recourbées en crochets ou de feuilles de chêne simplifiées (celui à gauche du chevet), alors qu'un autre chapiteau est la réplique d'un chapiteau de l'abside. Comme l'indique J.P. Glaçon qui a rédigé une notice sur l'église (s.l., s.d.), le profil des nervures des voûtes parle ici en faveur du début du XIVe siècle, mais il pourrait s'agir d'une réfection. Dans une troisième campagne à la limite du XIIIe siècle et du XIVe siècle, ou au XIVe siècle selon les auteurs, le chœur roman est remplacé à son tour par une chapelle de deux petites travées, à l'angle entre la base du clocher à l'ouest et le nouveau chœur au nord. Son architecture est particulièrement élégante. Les meneaux de sa fenêtre orientale, la seule à posséder un remplage, sont prismatiques et dépourvus de chapiteaux, ce qui indique normalement une construction plus tardive comme l'observe Dominique Vermand. Or, la baie voisine de l'abside présente les mêmes caractéristiques, ce qui permet également de penser que les deux baies ont été refaites en même temps, bien après la date de construction. Seulement deux chapiteaux subsistent dans la chapelle sud, et sachant que les voûtes ont été partiellement refaites au XVIe siècle, les éléments permettant une datation y sont bien minces.

La nef a été entièrement reconstruite au XVIe siècle, période pendant laquelle des réparations modifiant la modénature mais pas la structure sont apportées aux parties orientales, comme déjà signalé. Les anciennes arcades et doubleaux sont tous remplacés par des arcades très simples, sans chapiteaux ni moulures, qui se composent d'un rang de claveaux aux arêtes chanfreinées. La voûte de la première travée du chœur est remplacée par une nouvelle voûte du même type que celles de la nef. Les autres voûtes sont partiellement reprises mais ne changent guère d'apparence. Une grande partie des colonnettes à chapiteaux recevant la retombée des ogives sont conservées (et même toutes sauf une dans le vaisseau central), et le remplage d'origine des fenêtres est également conservé. Si le style gothique flamboyant de la première moitié du XVIe siècle n'a donc pas laissé son empreinte dans les parties orientales, il en va autrement dans la nef, dont les grandes arcades du sud montrent un profil prismatique et pénètrent dans les piliers ondulés. Les clés de voûte des bas-côtés sont petites, mais pendantes. Les grandes arcades du nord affichent curieusement un style Renaissance, ce qui peut s'expliquer par une période de construction à cheval entre les deux périodes stylistiques, car Dominique Vermand n'évoque pas une reprise en sous-œuvre ultérieure. Les deux portails montrent une sculpture de faible relief et fortement stylisée, propre au Classicisme, et les enroulements de part et d'autre des niches au-dessus du portail méridional sont d'influence baroque ; ils ont dû être aménagés postérieurement à l'achèvement de la nef, au début du XVIIe siècle. Depuis le début du XVIe siècle, l'église n'a plus fait l'objet de remaniements ou modifications, exception faite de l'ajout d'une sacristie en 1867.

L'église est classée au titre des monuments historiques en totalité par arrêté du 12 juillet 2004. Le chœur et le clocher avaient déjà été classés en 1913. C'est un édifice d'une grande qualité architecturale, bien mis en valeur par une restauration et un entretien soignés7. Le dernier curé de la paroisse a été le père Joseph Kuchcinski (30 janvier 1922 - 12 février 2014)8. Installé au début des années 1960, il prend sa retraite en 1996, et la paroisse de Villers-Saint-Frambourg est officiellement rattachée à la paroisse Saint-Rieul de Senlis. Le père Kuchcinski continue néanmoins d'habiter le presbytère, et en dépit de son grand âge, il célèbre une messe tous les jours sauf le lundi, dont la messe dominicale anticipée dans l'un des cinq autres villages de l'ancienne paroisse : Brasseuse, Ognon, Villeneuve-sur-Verberie, avec ses hameaux d'Yvillers et Noël-Saint-Martin9. La mort du père Kuchcinski le 12 février 2014 met un terme définitif à l'existence de l'une des dernières petites paroisses rurales de l'Oise, et il n'y a désormais plus que la messe dominicale célébrée à tour de rôle dans l'une des quatre communes de la communauté de Villers-Saint-Frambourg.
 

Description

Aperçu général

L'église est orientée irrégulièrement sud-sud-est - nord-nord-ouest, c'est-à-dire qu'elle se rapproche davantage d'une orientation nord-sud que de l'orientation liturgique traditionnelle est-ouest. Pour plus de clarté, la description fera toutefois référence à cette dernière, et se basera sur une orientation du chevet vers l'est et de la façade principale de la nef vers l'ouest. L'édifice se compose d'une nef de trois travées barlongues mais seulement un peu plus larges que longues ; de deux bas-côtés dont les travées sont en conséquence plus longues que larges (et non carrées comme dans les églises gothiques) ; d'un chœur de même largeur que la nef, avec une grande travée plus longue que large et une seconde travée comportant une partie droite et une abside à pans coupés ; d'une base de clocher à l'angle entre bas-côté sud et première travée du chœur ; d'une chapelle sud dans le prolongement de la base du clocher vers l'est, soit au sud du chœur ; et d'une chapelle au nord du chœur. Les deux chapelles se terminent par un chevet plat. Toutes les travées sont voûtées d'ogives, sauf la base du clocher, qui est voûtée en berceau. — La base du clocher empiète légèrement sur le bas-côté sud. Sa présence rend les deux travées de la chapelle sud, dédiée à saint Médard, patron de la paroisse, plus courtes que celles de la chapelle nord, dédiée à la Vierge. La base du clocher ne communique pas avec la première travée du chœur, mais seulement avec le bas-côté sud et la chapelle Saint-Médard. Deux étroites arcades relient chacune des travées de la chapelle Saint-Médard au chœur, l'une à la première travée et l'autre à la partie droite de la seconde travée. Ainsi, au sud de la première travée, l'on trouve un mur nu qui correspond à la base du clocher et une étroite arcade. Au nord de la première travée, l'on trouve par contre une grande arcade largement ouverte vers la première travée de la chapelle de la Vierge. Cette première travée de la chapelle est donc aussi longue que la première travée du chœur. La seconde travée est plus courte et correspond à peu près aux travées de la chapelle nord. De ce fait, la communication est établie par une étroite arcade, tout comme du côté sud. L'église possède deux portails, l'un dans la façade occidentale, l'autre dans la seconde travée du bas-côté sud. Reste à mentionner la petite sacristie, accolée devant une partie de la base du clocher et une partie de la chapelle sud. D'un style néogothique assez discret, elle et ne dispose pas d'accès depuis l'extérieur. À sa droite en regardant l'élévation méridionale de l'église, se dresse une courte tourelle d'escalier, permettant de monter aux combles.

 

Extérieur

Bien que cinq à six campagnes de construction peuvent être distinguées, sans compter celle de la sacristie, l'on n'aperçoit que trois complexes différents en approchant de l'église : le chœur, le clocher et la nef avec ses bas-côtés, couvertes ensemble par une seule et vaste toiture à deux rampants dont le faîtage atteint le sommet de l'étage de beffroi du clocher. Puisque le nouveau chœur n'a pas été construit dans l'axe de la base du clocher, ce dernier reste toutefois bien visible depuis la place de la Mairie. Ses deux premiers niveaux sont épaulés par des contreforts presque plats, qui ne montrent qu'un seul ressaut en début du premier étage, et qui se terminent par de courts glacis. Le rez-de-chaussée est éclairée par une petite baie plein cintre, et il est construit de moellons régulièrement taillés, alors que le reste est bâti en pierre de taille. Un fruit peu prononcé s'observe entre le rez-de-chaussée est le premier étage, qui n'est percé que d'une haute et étroite meurtrière. Une moulure torique sert d'appui aux baies plein cintre de l'étage de beffroi, qui occupent initialement presque toute sa hauteur, mais qui sont bouchées jusqu'à mi-hauteur. Au nombre de deux par face, les baies abat-son s'inscrivent dans de doubles archivoltes toriques, décorées d'un bandeau en forme de sourcil et retombant sur des colonnettes à chapiteaux. Entre deux archivoltes, une seule colonne prend la place de deux colonnettes. Toutes ces colonnes et colonnettes sont appareillées, et leurs chapiteaux de feuillages sont pratiquement identiques. Les baies proprement dites prennent du recul par rapport aux colonnettes intérieures et sont donc beaucoup plus étroites. Les angles du clocher ne sont pas décorées ; ils sont seulement garnis de la tablette continue qui sert d'appui aux bandeaux et de tailloirs aux archivoltes supérieures. Contrairement à ce qui a été affirmé par d'autres auteurs, Dominique Vermand souligne que la pyramide et ses quatre pyramidons d'angle est bien contemporaine de l'étage de beffroi. Ils sont décorés d'écailles triangulaires en bas-relief. Quatre des huit faces de la flèche sont ajourées d'étroites ouvertures rectangulaires, et présentent à leur base un cadran d'horloge.

 

Le chœur évoque extérieurement un chœur-halle selon un modèle répandu dans la moyenne vallée de l'Oise, la vallée du Thérain et leurs environs, avec un ensemble homogène formé par le chœur proprement dit et ses chapelles latérales, communiquant largement entre eux et voûtés à la même hauteur. En effet, les deux petites chapelles du sud possèdent un pignon commun, et les parties orientales semblent couvertes ensemble par un toit à deux rampants, devant lequel le toit à croupes de l'abside fait saillie. En réalité, il n'en est pas ainsi, puisque les deux travées de la chapelle sud et la seconde travée de la chapelle du nord ne sont reliées au chœur que par des étroites arcades. En outre, la disposition des toitures est différente côté nord, où les deux travées de la chapelle de la Vierge possèdent chacune leur propre pignon, et sont donc recouvertes par des toits en bâtière perpendiculaires à l'axe de l'édifice. En dépit de leur homogénéité apparente, les trois parties du complexe oriental ne manquent pas de petites différences. Les contreforts de l'abside se terminent par un long glacis, dont la partie inférieure forme larmier. Ils ne possèdent pas de larmier intermédiaire comme c'est le cas des contreforts d'angle de la chapelle sud, où le larmier du glacis terminal n'est pas présent sur les flancs latérales. Quant à la chapelle nord, le glacis terminal de ses contreforts d'angle est le même qu'au sud, mais à mi-hauteur, l'on trouve un glacis formant larmier présent sur les trois flancs, au lieu d'un simple larmier. En plus, la base s'épaissit. Par ailleurs, le contrefort au sud de l'abside est encore visible, engagé dans le mur de la chapelle attenante, alors qu'au nord, il a été absorbé par l'autre chapelle, dont le chevet n'est pas entièrement droit, mais comporte une portion de mur biais près de l'abside. Sur toutes les parties, l'ornementation est quasiment absente ; l'on note que des vestiges de fleurons sur les bases du pignon du sud, et une corniche de corbeaux peu saillante sur l'abside. Les cinq fenêtres orientales sont en arc brisé et dotés d'un remplage des deux arcades brisés, surmontées d'un oculus rond, dans lequel s'inscrit un quatre-feuilles dans le cas de la baie du chevet de la chapelle sud. Les meneaux de cette baie sont dépourvus de chapiteaux, tout comme ceux de la baie voisine de l'abside, qui a été refaite. Les meneaux et oculi des autres baies ont en partie perdu leurs chapiteaux comme le montre leur disposition irrégulière. Au nord et au sud, les baies ne sont que des lancettes simples, sans remplage.

Alors que les parties orientales et les étages du clocher sont entièrement bâtis en pierre de taille de Verneuil-en-Halatte, l'on s'est contenté de moellons irréguliers pour la nef et ses bas-côtés. La solidité est apportée par des chaînages verticaux à intervalles réguliers, qui ne tiennent pas compte de la subdivision en travées et de la position des contreforts. Sinon, des pierres de taille sont uniquement employées autour des ouvertures et pour les contreforts. L'extérieur de la nef et des bas-côtés est d'une grande sobriété et serait de faible intérêt, s'il n'y avait pas les deux portails qui ont bénéficié d'une décoration soignée, bien qu'épurée. Elle annonce déjà le style baroque. Les deux portails sont en plein cintre et à double vantail, sans tympan. Celui du sud est flanqué de deux paires de pilastres ioniques stylisés, qui supportent un entablement seulement esquissé. Il sert d'appui à une fenêtre en plein cintre, flanquée de deux petites niches dont la partie supérieure présente une coquille Saint-Jacques, et qui sont cantonnées également de pilastres doriques, supportant un fronton en arc de cercle. Des enroulements à gauche et à droite des niches complètent le décor et annoncent le style baroque. Le portail occidental n'est encadré que par deux pilastres semblables, et son entablement supporte trois au lieu de deux niches. Un oculus rond non décoré est percé dans le mur au-dessus. Hormis cette fenêtre, la nef est aveugle. Elle est éclairée indirectement par les grandes baies en plein cintre des bas-côtés, à savoir trois au nord, deux à l'ouest et deux au sud. La troisième travée est plus étroite que les autres côté sud, ce qui est imputable à la base du clocher.

Total hits: 1699891
Yesterday hits: 38658
Last 24 hours visitors: 28
Current hour visitors: 3
Recent guest(s): 1