CHAUVIGNÉ Eugène: 1837: Tours - 1917 - Villandry
Note : Eugène est le cousin germain de l'arrière-grand-père de Francis.
Avec Gabriel Blaise, Eugène Chauvigné a été l'un des grands photographes professionnels tourangeaux du XIXe siècle. Actif pendant une vingtaine d'années, il est connu pour ses études de fleurs et de plantes. Fils d'un aubergiste, Eugène François Chauvigné est né le 26 juillet 1837 à Saint-Etienne-Extra, commune qui sera ensuite rattachée à Tours (Indre-et-Loire). Eugène Chauvigné travaille d'abord avec son frère aîné Augustin dit Auguste (1829-1904) qui est doreur sur bois. A l'automne 1860, les deux frères transfèrent leur commerce rue Royale, l'artère principale de la ville. La Maison Chauvigné vend des cadres dorés fabriqués sur place, des glaces de Saint-Gobain mais aussi des albums pour les photographies « carte de visite » et des stéréoscopes. En 1866, c'est Félix Berthiault, le fils de l'imprimeur chez qui Gabriel Blaise avait travaillé, qui reprend la Maison Chauvigné.

Chacun de leur côté, les deux frères vont se rapprocher du monde de l'art qu'ils avaient côtoyé dans leur magasin de la rue Royale. L'aîné, Auguste, sera peintre et céramiste. Dans la lignée d'Avisseau, le grand artiste tourangeau, il sortira de ses fours des pièces que les visiteurs de l'Exposition universelle de Paris en 1878 pourront admirer. Son fils, prénommé aussi Auguste, grand admirateur de Palissy, publiera en 1879 un « Traité de décoration sur porcelaine et faïence précédé d'une notice historique sur l'art céramique ».

Eugène Chauvigné, quant à lui, sera photographe. En 1875, il ouvre un atelier situé 15 rue d'Entraigues dont il vante les mérites dans la presse locale : « Atelier spécial pour portraits de toutes grandeurs ; sujets religieux, groupes de familles, vues de propriétés ; photographie au charbon inaltérable ; appareils instantanés pour enfants ; cartes émaillées ; spécialités d'études de fleurs d'après nature pouvant servir de modèles de dessins aux élèves et aux artistes ». Comme son aîné, Eugène Chauvigné était aussi peintre avec une prédilection pour les natures mortes. Pour les peindre, il avait besoin « d'avoir sous la main de belles fleurs en nombre suffisant et varié. » C'est là que le photographe est utile au peintre. Il remplace les fleurs fraîches par des épreuves photographiques de belle qualité dont l'artiste peut s'inspirer pour peindre un bouquet.

Le 16 novembre 1877 « Le Messager d'Indre-et-Loire » publie un long texte intitulé « La Photographie appliquée à l'enseignement du dessin ». Repris du quotidien « L'Univers », l'article n'est pas signé. On peut supposer que c'est Charles Jules de Laffolye, correspondant du journal de Louis Veuillot, qui l'a rédigé. L'auteur rend compte de sa visite de l'atelier de Chauvigné « Toutes les photographies sont admirablement soignées. Les beaux bouquets de fleurs groupés avec goût et admirablement éclairés ! Chaque plante est si vraiment saisie que malgré l'absence de coloris, on lui donne son nom. Le regard pénètre à travers le clair-obscur qui va s'épaississant jusqu'au fond des campanules, jusque sous les plis arrondis des roses. Qui a si merveilleusement fouillé ces lis, ces jasmins ? L'Artiste. Non. C'est la lumière elle-même, prise en flagrant délit de se jouer au sein de leurs calices Quelle heure agréable nous avons passée à contempler une centaine de types et de groupes de plantes les plus variés ! Mais un autre spectacle se présente. C'est une collection d'étude d'animaux de toute race. On les dirait vivants !... ».

Eugène Chauvigné n'était pas le premier photographe à proposer des études de fleurs aux artistes. Il se plaçait dans le sillon de deux grands photographes morts deux ans après que Chauvigné eut ouvert son atelier. Dès 1854, l'Alsacien Adolphe Braun (1812-1877) diffusait une première série de trois cents planches de fleurs. Dix ans plus tard, à Paris, Charles Aubry (1811-1877) proposait des études de fleurs et de plantes. Braun et Aubry se situent un cran au-dessus de Chauvigné. Peu respectueux de son travail ,il avait la détestable habitude d'apposer sur les épreuves elles-mêmes des étiquettes qui les défiguraient. En novembre 1877, « Le Messager d'Indre-et-Loire » annonce la publication en fascicules d'un ouvrage de Charles Guignard sur « Les plantes médicinales photographies d'après nature ». L'auteur présente ainsi son œuvre : « Pour présenter chacun de ces types (de plantes) tel qu'il est, nous nous sommes adressés à la photographie. C'est une des plus brillantes découvertes de notre époque moderne et rien certes ne peut donner des images plus fidèles. C'est un miroir qui ne saurait tromper, c'est une interprétation contre laquelle il n'y a rien à redire. M. Eugène Chauvigné de Tours a bien voulu prêter son concours à cette œuvre et en accepter la collaboration ». La première livraison, consacrée au romarin et à la mélisse était illustrée de trente photographies. Apparemment, il n'y en eut pas d'autres. Toute cette production artistique de Chauvigné se situe dans les premières années qui ont suivi son installation rue d'Entraigues.

C'est aussi durant cette période qu'il participe à des expositions : Orléans et Paris (1876) ; Angers (1877) ; Exposition universelle de Paris (1878) ; Bourges (1879) ; Paris (1880). Après, il semble que Chauvigné se soit contenté d'être un photographe commercial. Comme ses concurrents, il produit des portraits « carte de visite » de qualité moyenne. Durant l'été 1892, Eugène Chauvigné ferme son atelier tourangeau et s'installe à Amboise rue de la Concorde. Il y reste jusqu'en 1894 date à laquelle il quitte la Société française de photographie dont il était membre depuis 1876. Il revient ensuite à Tours mais abandonne la photographie pour se consacrer entièrement à la peinture. Avec son frère aîné, il participe, en avril 1898, à l'exposition des Beaux Arts et arts décoratifs de Tours. Les œuvres qu'il a sélectionnées sont dans la continuité de son travail de photographe : Roses trémières ; Fruits d'automne ; Roses et Reines-Marguerites ; Chrysanthèmes (terre cuite) ; Pavots (terre cuite).

Veuf, Eugène Chauvigné meurt âgé de 80 ans, à Villandry au lieu-dit « L'Asile des vieillards ».

Source : Département Indre-et-Loire - https://collections.departement-touraine.fr/ark:/56776/00388539
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