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Overseas

parfois nous sommes allés vivre de l'autre côté des mers ...

Un Normand au Japon

Un Normand au Japon

Entre 1866 et 1877, la France contribue à la modernisation du Japon lors du premier transfert de technologie en extrême-orient : la création de l'arsenal de Yokosuka. Notre famille y a participé : mon arrière-arrière-grand-père Alfred Aurèle Pilard, né à Carteret en 1832 et maître-voilier à Cherbourg est arrivé à Yokohama le 8 novembre 1866. Il est mort là-bas, à Yokoska le 30 décembre 1870.

L'ingénieur français Léonce Verny qui dirigea la construction et l'organisation de l'arsenal de Yokosuka pendant cette dizaine d'années avait recruté 40 experts dans les arsenaux français de Toulon, Brest et Cherbourg. Ils étaient venus avec leur famille et un village français avec sa chapelle avait été édifié sur les lieux mêmes du futur arsenal.

Alfred avait donc embarqué au Havre courant 1866 avec sa femme bretonne Rosalie Fleury et leurs deux petites filles de 4 ans et 18 mois, Louise et Maria, mon arrière-grand-mère. Le 18 juin, alors que le bateau Le Mongol croisait au large du Golfe de Guinée, le capitaine Louis Courbe ajouta un nom au rôle des passagers : Rosalie venait de donner naissance à un petit Émile. Maria disait souvent : "mon frère est né en mer, et mort en mer." (On dirait presque la chanson d'Alain Stivell), car son jeune frère était disparu en mer en 1898.

Dans toute l'abondante littérature sur les aventures japonaises de nos ouvriers des ports, je n'ai pas trouvé de détail sur les réalisations d'Alfred, seulement l'information que Léonce Verny a déclaré son décès.

Un document de la main de Léonce Verny liste les Français employés à Yokuska et Yokohama en novembre 1874. Voici ceux venant de Cherbourg :

 

NomEmploi à l'arsenalPosition dans la marine française et port d'attacheLieu de travail au JaponFautrat E.H.E.DessinateurChef ouvrier ajusteur à CherbourgArsenal d'IokoskaCaill J.M.Contre-maître maçonChef ouvrier ajusteur à CherbourgArsenal d'IokoskaDavid J.E.F.Contre-maître charpentierChef contre-maître charpentier à CherbourgArsenal d'IokoskaBerger H.J.Contre-maître chaudronnierChef contre-maître charpentier à CherbourgArsenal d'IokoskaBabre J.ArchitecteChef contre-maître charpentier à CherbourgArsenal d'IokoskaLe Barbanchon E.A.Contre-maître mécanicienContre-maître mécanicien à CherbourgAteliers d'YokohamaBarrelle M.P.C.Chef-ouvrier mécanicienContre-maître mécanicien à CherbourgAteliers d'YokohamaMartelcomptableContre-maître mécanicien à CherbourgAteliers d'Yokohama


Parmi ceux-ci, peuvent être identifiés, notamment dans la liste Cimarconet :

Émile Auguste Le Barbenchon 1839-1917, ingénieur, fut conseiller étranger au Japon. Sa page Wikipédia : ingénieur français qui fut conseiller étranger au Japon durant l'ère Meiji.Il est employé par le ministère japonais de la Marine pour travailler à la construction de l'arsenal naval de Yokosuka qui était sous la responsabilité de Français (comme Léonce Verny) et qui mobilisait environ 50 personnes. Son contrat débute le 8 janvier 1872 et se termine le 19 mai 1876. Il est engagé comme chef-mécanicien des outils de pierre. Il retourne en France le 29 février 1876, avant la fin de son contrat.Jean Étienne François David né à Martinvast le 27 décembre 1836 (Inscrit au quartier de Cherbourg/Syndicat Cherbourg). En effet, Étienne Jean François David était noté comme charpentier quand il s'est marié à Cherbourg le 16 mai 1863 avec Émilie Ernestine Lepetit. AD Manche Et contremaître charpentier quand, veuf, il se remarie, toujours à Cherbourg, le 16 octobre 1866 avec Alix Maria Augustine Loiseau Ad Manche - Naissance à Martinvast, page 246 AD MancheÉmile Hippolythe Eugène Fautrat né à Cherbourg le 6 décembre 1843. Il est chef-monteur-mécanicien quand il se marie à Cherbourg le 22 avril 1879 avec Marie Henriette Louise Henry (Page 85) AD Manche

 Sources

Page généalogique d'Alfred Aurèle PislardPage d'Alfred sur le Généanet de Généa50Et notamment, l'album de documents sur le Japon attaché à sa fiche, documents faisant l'objet du présent album.Liste Cimarconet récouvrée sur Waybackmachine. Cimarconet, relevé des inscrits maritimes de 3 quartiers de la Manche, n'est plus en ligne depuis septembre 2021, à la suite d'une cyber-attaque.

Texte de Katryne Chauvigné-Bourlaud publié sur MaTribu, puis sur le blog de Généa50.

Les Cadel en Algérie
Gold Coast
Achouka

Achouka

[Écoutons Daniel raconter ces épisodes de la vie de ses parents Serge et Germaine Chauvigné]

Au cours d'une escale à Port-Gentil, au Gabon, Serge Chauvigné fait la connaissance du Directeur d'une grosse compagnie commerciale française, la S.A.I.B.O. (Société Anonyme Industrielle du Bas Ogoué). Celui-ci cherche un gérant pour diriger sa Société à Libreville. L'expérience qu'avait acquise mon père en Gold-Coast et sa formation de comptable ont incité ce Directeur à lui proposer cet emploi. Ils sont devenus, par la suite, de très bons amis.
En 1928, au cours d'un congé en France, Serge fait la connaissance d'une poitevine, Germaine Bourlaud, qu'il épouse et qui fut sa fidèle compagne jusqu'à la fin des ses jours. C'est sans appréhension, mais avec passion que Germaine a suivi son colonial mari à Libreville.
Non loin de cette capitale gabonaise, mon père a acheté un terrain à Achouka, petit village proche de Lambaréné, où il passe son week-end dans une grande case en bois sur pilotis qu'il a fabriquée sur les rives de l'Ogoué. Il a également embauché des indigènes, qui après avoir défriché la forêt, ont planté des palmiers à huile.
Le 5 juin 1929, son épouse met au monde, son premier garçon, Claude, à l'hôpital de Lambaréné dirigé par le célèbre Docteur Schweitzer, mais la naissance a été enregistrée à Port-Gentil, cité administrative la plus proche.
En 1930, la S.A.B.I.O. cessant son activité, Serge et les siens sont rentrés en France.

Bangui

Bangui

Daniel Chauvigné raconte sa vie d'enfant à Bangui de 1934 à 1937.   A Bangui, devant la grande factorie de mon père, la place du marché est occupée très tôt le matin par les marchands indigènes accroupis sur leurs talons, leurs produits étalés sur une toile défraîchie par l'éclat du soleil. Une foule grouillante et colorée palabre sans cesse pour faire jouer la concurrence et gagner quelques centimes. Les enfants, nombreux et turbulents, courent en zigzaguant entre les étals, bousculant tout sur leur passage, jusqu'à ce qu'un adulte en arrête un et le menace avec force geste et cris, mais jamais un gosse était frappé. L'odeur acre du manioc, transformé en chikuangue, se mêle au fort relent du poisson déjà couvert de mouches que le vendeur chasse, de temps en temps, d'un revers nonchalant de la main. Les mangues, ananas, goyaves et papayes apportent leur couleur chatoyante et leur parfum sucré tandis que les épices et les viandes de zébus et cabris mêlent leurs fumets parfois nauséabonds.

Un "tourougou" (gendarme indigène) en costume militaire kaki, coiffé d'une chéchia rouge, les mollets enrubannés d'une bande molletière et les pieds nus, porte en bandoulière un immense fusil Lebel et son ceinturon de cuir est garni de cartouchières en toile épaisse. Il est chargé de surveiller le marché, d'arrêter les voleurs et de régler les palabres des marchands. Outre son accoutrement, sa haute taille et sa carrure imposent, la crainte et le respect. Quatre larges cicatrices boursouflées, balafrent ses joues sur toute leur longueur et indiquent qu'il était de la race Sara, peuplade du sud du Tchad où les hommes sont très grands et forts. Cette particularité associée à la différence d'ethnie rend très efficace le rôle de gardien de la loi, ainsi, les tourougous sont les auxiliaires précieux des deux gendarmes français qui occupent le poste de Bangui.

Mes parents aiment beaucoup les animaux et, dans le grand appartement situé à l'étage, se côtoient, en parfaite harmonie, Jacquot le perroquet gris, dont les cris rauques et les plumes ébouriffées font fuir le chat persan. Poubsik, le chien bassendji croisé de berger allemand, est le fidèle compagnon d'Oscar le chimpanzé. Ils ont grandi ensemble et se séparent rarement. Comme de nombreux enfants vis à vis des animaux, j'énervais souvent ces deux compères, qui, lorsqu'ils jugeaient que mes agaceries avaient assez duré, dévalaient les escaliers pour se réfugier dans la cour intérieure, l'un dans un buisson, l'autre dans le grand manguier aux fruits ayant l'odeur d'essence de térébenthine.
Bimbo

Bimbo

Daniel Chauvigné raconte. Écoutons ...   En 1934, mon père Serge Chauvigné qui venait de passer 3 ans à Poitiers, a la nostalgie des colonies et c'est avec joie qu'il trouve un emploi de gérant d'une grande factorie installée à Bangui, capitale de l'Oubangui-Chari.

Parallèlement, comme au Gabon, il réalise à son profit, une plantation de café à Bimbo, petit village indigène, situé à 10 kilomètres de Bangui.
  Je garde encore en mémoire cette période de ma prime enfance passée la semaine à Bangui et le week-end à Bimbo, petit village de pêcheurs situé à 10 kilomètres de la capitale et que l'on ne pouvait joindre qu'en empruntant un bac pour traverser la Konga, un affluent de l'Oubangui.

Bien plus tard, je suis revenu sur ces lieux. Il y a toujours le bac où l'on attend parfois une heure avant que le passeur s'aperçoive qu'un véhicule attend ses bons services de l'autre côté de la rive... On tuait le temps en chassant la pintade sauvage ou en pêchant des mokélélés aux écailles argentées qui pullulent le long des berges dans l'eau peu profonde. On discutait avec les femmes indigènes qui venaient puiser de l'eau qu'elles transportent dans des calebasses posées sur la tête. C'est toujours un émerveillement de voir avec quelle grâce ces femmes marchaient, le corps cambré, sans faire tomber une goutte d'eau du récipient en équilibre instable.

Le bac est constitué d'une plate-forme de rondins arrimés sur de grosses pirogues taillées à l'herminette dans des troncs d'arbre. Un câble tendu en hauteur et fixé sur des gros arbres de part et d'autre de la rivière, supporte une poulie reliée par un câble à la plate-forme. Il suffit de dégager le bac de la rive avec une longue perche, puis. Le bac est entraîné en biais par le courant jusqu'à l'autre rive. Des rampes rabattables sur les berges permettent l'accès et la sortie des véhicules. Les passagers restaient debout sur les côtés de la plate-forme, protégés par des lianes tendues sur des piquets qui fait office de garde-fous.

La traversée dure un quart d'heure, ce qui permet d'admirer les eaux tumultueuses d'où l'on voit parfois sauter un gros poisson poursuivi par un caïman. D'autres sauriens surnagent sans bouger et seuls les yeux et la crête dorsale crevant la surface de l'eau, laissent deviner leur présence.

Enfin, par la piste, qui tient lieu de route, on atteint Bimbo qui est toujours un petit village situé sur une énorme anse de la Konga, le dos acculé à la forêt tropicale. Cette situation privilégiée procure à ses habitants un bon abri contre les rafales de vent d'ouest, tandis que le calme des eaux retient de nombreux bancs de poissons.

Si la forêt voisine n'a aucun secret pour les Pygmées, la rivière est le domaine des Bandas. Cette ethnie est reconnaissable aux 2 petites cicatrices verticales et parallèles qui ornent leur pommette gauche. Ces noirs, de taille moyenne sont musclés, gais et accueillants. Ils se nourrissent de poisson et de manioc.

La culture et la préparation du manioc sont rituellement réservées aux femmes alors que, seuls les hommes pratiquent la pêche. Les Pygmées surnomment les Bandas "Zo ti n'gou" (les hommes de l'eau) reconnaissant par là leur habilité dans l'art de la pêche.

La prise du poisson, très diversifiée à la ligne et au filet dans la rivière alors que dans les marigots leur capture est réalisée à l'aide d'un poison végétal.

Les lignes sont uniquement des lignes de fond suspendues à une corde tendue en surface entre deux piquets, plantés dans les hauts fonds sablonneux. Amorcées à la tombée du jour, elles sont relevées à l'aube. Les prises sont généralement des silures où des "capitaines" (sortes de grosses carpes pouvant peser plus de 30 kilos).

Formant barrage, de longs piquets, entrelacés de lianes, sont disposés le long des berges face aux petits marigots qui se jettent dans la Konga. De place en place, sont laissés des passages piégés de nasses ou de filets, dans lesquels, chaque matin, les pêcheurs relèvent des perches colorées et des mokélélés (sorte de gardons aux écailles argentées possédant une chair savoureuse).

Dans la journée, outre la pêche à la traîne pratiquée en pirogue, existe la curieuse pêche au "petit filet" : 2 hommes sont à bord d'une pirogue, l'un, à l'arrière, maintient l'esquif dans le sens du courant descendant; l'autre, à califourchon à l'avant de la barque, laisse pendre ses jambes dans l'eau. Un petit filet est fixé entre ses jambes, et dès qu'il perçoit une secousse, il le referme et le relève rapidement pour projeter le poisson dans la pirogue, où il est achevé à coups de gourdin par son collègue. Cette pêche n'est pas sans danger, car il faut surveiller en permanence, la surface de l'eau pour éviter de se faire happer un pied par un crocodile!

La pêche au poisson dans les marigots demande une longue préparation. Il faut d'abord chercher en forêt un "kéké ti soussou" (arbre à poisson) dont l'écorce et les feuilles contiennent un poison paralysant. Les feuilles et l'écorce sont pilées dans une jatte de bois dur, jusqu'à l'obtention d'une pâte juteuse de couleur brun ocre. Pendant cette préparation d'autres pêcheurs ont tendus, en aval du marigot des filets. La pâte empoisonnée est jetée en amont, sous forme de boulettes qui flottent et se diluent en opacifiant l'onde d'une couleur blanchâtre. Rapidement, à la surface, apparaissent, ventre en l'air, des poissons de toutes tailles, qui, menés par le courant sont finalement retenus dans les filets. Il faut recueillir rapidement les prises intéressantes, car l'effet paralysant du poison était de courte durée.

A Bimbo, le paysage et les habitants n'ont guère changé. Certains se rappellent très bien de notre famille et j'ai échangé avec eux des souvenirs de notre enfance où très rapidement avions parlé le sango, dialecte principal de l'Oubangui-Chari. A cette époque, il y avait peu d'enfants blancs de notre âge, ont jouait donc avec les petits noirs et, avec eux nous avons débuté l'école où nous avons tous appris que nos ancêtres, les Gaulois, avaient de grandes moustaches et se vêtaient de peaux de bêtes.
Berberati
Wayombo
Bouar
Carnot

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