La Gascogne est la portion du sol français approximativement comprise entre l’Océan Atlantique à l’ouest, les Pyrénées au sud, le cours de la Garonne à l’est et au nord. C’est l’Aquitaine de César. Au VIe siècle de notre ère, elle devint la Vasconie. Vasconia a donné Guasconia, Gascogne. Et ce nom a prévalu.
Cette région n’a pas d’unité politique. Auguste étendit le nom d’Aquitaine aux pays entre Garonne et Loire. Au IIIe siècle, l’Aquitaine avait repris ses limites naturelles, mais il s’était constitué, à l’intérieur, une province distincte, la Novempopulanie. En 1258, le traité de Paris ajouta au duché de Gascogne trois pays situés au nord de la Garonne : Périgord, Limousin et partie du Quercy. Cet ensemble constitua le duché de Guyenne. En Gascogne, le nom de Guyenne a été attribué à la partie occidentale de la région, plus étroitement sous la dépendance de la couronne d’Angleterre de 1258 à 1453.Les limites de la Guyenne ont varié au cours des siècles. En 1789, le gouvernement militaire dit de Guyenne et Gascogne comprenait, eu dehors du triangle proprement gascon, le Périgord, le Quercy, et le Rouergue. A la même date, l'archidiocèse d'Auch était entièrement gascon; celui de Bordeaux, qui étendait au nord son obédience jusqu'à Poitiers et Luçon, ne l'était que par les diocèses de Condom et de Bazas. Les Parlements de Bordeaux et de Toulouse se partageaient la Gascogne, très inégalement d'ailleurs. Le nombre et les limites des intendances ont varié au XVIIe et au XVIIIe siècle. Enfin, au pied des Pyrénées, le Béarn a conquis de bonne heure son autonomie, et, devenu pays souverain, a eu ses institutions et son histoire particulières, celle-ci, d'ailleurs, intimement liée à celle de la Gascogne. Une région plutôt qu'une province, et qui semble avoir été incapable de se confiner dans ses bornes naturelles, c'est la Gascogne.
Elle a pourtant une unité, l'unité linguistique. Le triangle compris entre Océan, Garonne et Pyrénées parle — l'enclave basque exceptée — une langue commune, le gascon. Cette langue est parfaitement distincte du languedocien, parlé à l'est du fleuve, du périgourdin et du saintongeais, parlés au nord. C'est un idiome intermédiaire entre les parlers du Languedoc et l'espagnol, avec lequel ses rapports deviennent d'autant plus étroits qu'on se rapproche davantage des Pyrénées. Le domaine du gascon s'étend, le long de la frontière pyrénéenne, depuis le pic de Brougat (Ariège) jusqu'au pic d'Anie (Basses-Pyrénées), où commence le domaine du basque. Le gascon s'enfonce en coin dans le basque sur trois points : il englobe, au sud de Bayonne, Biarritz et Anglet, puis tout le canton de Labastide-Clairence, à l'exception de Briscous, Ayherre et Isturitz, enfin Montory dans le canton de Tardets. A l'est, le gascon comprend l'arrondissement de Saint-Girons et la partie de celui de Pamiers à l'ouest de la Lèze, affluent de l'Ariège. Sa limite passe ensuite entre l'Arize et le Volp, affluents de la Garonne, atteint le fleuve à Carbonne et le suit désormais, hors un léger recul aux abords de Toulouse. Dans le Tarn-et-Garonne, la vallée du fleuve est languedocienne. Le parler d'Agen tient plutôt du languedocien. Mais le gascon occupe toute la rive gauche et, en aval d'Agen, il déborde sur la rive droite, à Port-Sainte-Marie, Clairac, Tonneins et Marmande. Dans la Gironde, il déborde encore plus, comprend tout l'Entre-deux-mers, à l'exception d'un petit flot de langue d'oïl, dû à des immigrations, la Gavacherie de Monségur. Il atteint la Dordogne à Castillon, la suit par Libourne, Fronsac, Saint-André-de-Cubzac et finit entre Bourg, qui est gascon, et Blaye qui est saintongeais. Bordeaux est gascon. La langue enfermée dans ces limites n'est pas partout la même. Luchaire y a distingué six dialectes: les trois de la montagne, béarnais, bigourdan, commingeois; les trois de la plaine, landais, armagnacais, girondin. Ces dialectes se subdivisent eux-mêmes en sous-dialectes. Mais tous ont des traits communs.
Source : Paul COURTEAULT, Histoire de Gascogne et de Béarn, Paris ancienne librairie, Furne Boivin & Cie, éditeurs 1938
Pour en savoir plus : Institut Béarnais et Gascon