Gabriel Bourlaud

Campagne de Gabriel Bourlaud, ambulancier du 3 août au 27 octobre 1914
Dans les archives familiales dormaient deux carnets de campagne, l’un de 14, l’autre de 40, du père et du fils à 25 années de distance. Tous deux nés rue de la Tranchée à Poitiers, Gabriel Bourlaud en 1881 et son fils Louis en 1904.
En 1912, Gabriel, avait obtenu le Certificat de Capacité valable pour la conduite des voitures automobiles à pétrole. Il fut vivement critiqué par sa mère quand elle découvrit le prix de la voiture, une superbe Berliet de 12 000 Francs, considérant que c’était une dépense que son fils ne pouvait se permettre, et que ce n’était pas chose sérieuse pour un monsieur qui était déjà père de trois enfants. Avoir une voiture à cette époque était encore bien plus tentant qu’actuellement et les deux beau-frères de Gabriel avaient déjà chacun la leur.
Louis se souvient encore de l’accueil de sa grand-mère Marie-Gabrielle dont avait été gratifié le concessionnaire Berliet, un des frères Morin, garagiste à Poitiers et ami de Gabriel, lorsqu’il avait livré la voiture à Coulombiers, résidence de campagne de la famille. Protestations véhémentes alternant avec des excuses pour son comportement contraire à son habituelle amabilité envers les amis de son fils.
Mais le caprice de Gabriel - une folie, car il avait fallu vendre quelques pièces de terre - lui a sauvé la vie quand il est parti au front. Et a permis d’exister à son quatrième enfant, Jacques, né en 1919 , et à sa nombreuse descendance.
En effet, grâce à son permis de conduire, Gabriel a pu être muté du 125e Régiment d’infanterie et versé dans le Train-Santé. Ce qui lui a valu d’être affecté pendant la plus grande partie de la guerre 1914-1918 comme conducteur d’ambulance. Conduire une ambulance, même sur le front, était malgré tout un sort plus enviable que de tenir une tranchée. Le 125e a été presque entièrement anéanti.
Gabriel part donc de Poitiers ce 3 août 1914 et arrive sur le front le 20, à Stenay qui est à 15 km de la frontière belge.