
Pikes Peak, Colorado
Le 26 mai, nous n'avions pas encore récupéré, côté décalage horaire, un peu morts dès 19h et sur le pied de guerre à 2h du mat. Encore 10 jours et on sera recalés. Nous avons donc pu partir aux aurores pour l'expédition du jour : l'ascension de Pikes Peak. Plein Sud depuis Denver, on bifurque à Colorado Springs, puis la route serpente au fond d'une vallée étroite dominée de falaises abruptes et de roches déchiquetées de ce beau rouge qui nous font retrouver notre Colorado préféré. Enfin, étroite la vallée ? tout est relatif: la route est quand même aux normes américaines et trouve le moyen de s'étaler avec voies séparées, parfois 2x2 voies.
Ça commence à bien grimper et entre Cascade et Manitou Springs, on se lance dans la montée vers le sommet de Pikes Peak.
Depuis Colorado Spring à 1840 m d'altitude, on va en 2 heures de temps arriver sur le sommet de Pikes Peak à 4300 m. Tout en voiture. Et sans pallier de décompression ! Pour nous qui vivons au niveau de la mer, les 4300 m sans transition nous ont vraiment essoufflés, pas vraiment le mal des montagnes, juste le souffle court, comme si l'on avait couru le 100 mètres, mais sans le bénéfice de l'effort. Et les 8° ventés contrastaient aussi avec les 30° de la vallée.
Toute la grimpette nous avait offert des points de vue exceptionnels sur des sommets enneigés, de longs lacs bleu dur, de petits lacs ronds gris et verts, des éboulis, des névés ou quasi, des perspectives vers d'autres chaînes de montagne à plus de 100 km.
Et nous étions tellement émerveillés, enivrés, que sur le coup, nous ne nous sommes même pas interrogés sur l'opportunité de transformer en attraction à 15$ / personne une montagne de 4300 mètres, d’araser son sommet pour en faire un parking géant et de zébrer ses pentes naturelles d'une route de 30 kilomètres au profil confortable, mais qui donne lieu une fois l'an à une célèbre course de côtes. Certes la nature y est violée, mais des montagnes comme celle-là, il y en a plein d'autres, après tout : rien qu'au Colorado 52 sommets dépassent les 14000 pieds (4200 mètres)
Le record de la montée était détenue par Sébastien Loeb sur Peugeot depuis 2013. Mais il a été détroné ce 24 juin 2018 par Romain Dumas, un Français également, sur la Volkswagen I.D.R. Pikes Peak, une voiture électrique.
PikesPeak est géré par la ville de Colorado Springs et l'accès à la route qui monte au sommet ne bénéficie pas du Pass America the Beautiful des parcs nationaux américains. Les photos ont été géolocalisées au sommet, alors qu'elles ont été prises tout au long de la route de 30 kilomètres.

Manitou Springs, Colorado
Le 26 mai donc, à la descente de Pikes Peak, nous avons tenté de parcourir le parc du Jardin des dieux (Garden of the gods in the text) près de Colorado Springs, un réseau de promenades aménagées entre des amas de rochers rouges spectaculaires, mais l'on s'est retrouvé dans autant de circulation qu'à 6 heures place de la Concorde. Nous y avons engrangé peu de souvenirs et perdu beaucoup de notre calme. Et aussi le contraste était grand entre l'oxygène (même plus rare) du sommet de Pikes Peak et les vapeurs des pots d'échappement.
Aussi quand notre hôtel de Manitou Springs nous annonce que l'eau est coupée en ville et qu'on nous propose d'annuler la réservation, c'est avec reconnaissance que nous quittons le secteur pour nous diriger plein Sud, à l'aventure, soit sans réservation, ce qui est une première dans les Expés Cissou.
Dormir à Pueblo nous avance pour la route du lendemain et permet à Francis de renouveler son stock pluriannuel de chemises western. Nous essayons désespérément de trouver un restaurant mais il faut se rendre à l'évidence : à part un bouiboui mexicain, on ne trouve que des fast-food où les locaux ne prennent même pas la peine d'entrer, se servant au drive-in.
Mais nous allons prendre l'habitude des solides petits déjeuners américains, sucré + salé.
si fueris alibi, vivito sicut ibi (A Rome, vis comme les Romains !)
So long, pals !
Kat & Cissou

Cultures
Billet d'Amérique N° 3, où il est question d'agriculture
Le dimanche 27, une petite expédition au parc national des Grandes Dunes de Sable. Bon, c'est bien parce que c'était sur notre route. Trop de monde, et pas assez de places pour les voitures. On a donc vu de loin.
En repartant, nous avons traversé de grands espaces où l'agriculture a eu été, mais n'est plus ce quelle était. Fermes abandonnées, ranchs à vendre, tracteurs qui rouillent, des kilomètres de wagons abandonnés sur des tronçons de voie ferrée envahis par l'herbe.
Et par dessus tout ça, le sable qui avait été fixé par les surfaces cultivées, reprend ses droits et recouvre peu à peu ces vestiges de civilisation agricole. Le sable qui pourra de nouveau, poussé par ce vent cinglant qui balaie la vallée de San Luis, faire grandir les grandes dunes coincées au pied de la montagne. Désolant, démoralisant, désespérant. Que peut-on faire contre le désespoir ?
Et bien, il se trouve que la seule activité en développement dans la vallée de San Luis pourrait être le cannabis, au vu des diverses échoppes, (pardon, de cabinets de thérapie par les herbes, de Green Medecine, quoi) qui ont poussé sur le secteur. C'est aussi de l'agriculture, après tout. Il me semble que le Colorado a été le premier état US à autoriser l'usage thérapeutique du cannabis.
L'échoppe de Ridgway, au pied des montagnes, s'offre même une enseigne en néon clignotant vert en feuille de canabis. Ainsi qu'un grand panneau, à la manière des stations services, qui affiche le tarif selon le poids et la mention : dernier point de vente avant les prochains 100 miles.
Le lundi 28 mai, ce Memorial Day, nous avons enfin pu retrouver ce Colorado que nous aimons tant et avec une population conforme à notre conception du Far West, en densité comme en qualité.
Partis d'Alamosa, nous avons suivi le Rio Grande sur 190 km, en remontant vers sa source. Dans la plaine, il était canalisé et permettait l'irrigation de ces grandes cultures circulaires de céréales et de pommes de terre. Plus haut, son cours puissant et tumultueux, tellement pittoresque, a favorisé la reconversion d'anciennes villes minières (la ruée vers l'or !) en sites de villégiature semi-montagnarde.
Lotissements chicos ou à thème, avec, sur la rive du Rio Grande, des maisons de bois comme le jeu de construction de notre enfance. Mais aussi des villages de "cabins", des campings, des sites de pêche à la ligne, des promenades à cheval ou des randonnées montagnardes. Et des paysages !
Creede revêt le charme suranné des communautés nature et branchées de la côte Ouest, héritières des hippies, mais en version village de montagne un rien désuet, avec des boutiques colorées de souvenirs et de brocante. Mais l'épicerie la plus proche est à cent bornes. Pas étonnant que les ricains se ravitaillent dans des formats "collectivités" et qu'ils ont des congélateurs proches du mètre cube!
La route parcourue dans les montagnes était en soit une attraction digne d'intérêt, mais nous parvenons enfin à l'objectif officiel du jour, le Black Canyon of the Gunnison river.
Parc national pour ces gorges noires si étroites, si profondes, que le soleil n'y pénètre guère, ce qui donne à ces roches sombres un caractère tragique et impressionnant.
Tous les canyons de l'Ouest américain se comparent au Grand Canyon du Colorado : Chelly, Grand Canyon de Yellowstone et maintenant ce canyon noir de Gunnison, mais ils ont tous leur personnalité et on sait pas les départager, car dès qu'on s'y trouve, on est saisi, tellement impressionné par le grandiose de la situation, que le vocabulaire se limite à des ahhh et des ohhh. Si vous pensez que c'est facile d'établir un podium, il n' y a qu'une façon de faire partie du jury : venir tester sur place.
Voilà voilà, c'est tout pour aujourd'hui. Demain, nous reprenons la route de la montagne pour ce Colorado du Sud.
Kat & Cissou

Memorial Day
Nous étions étonnés de voir autant de vacanciers américains pendant ce dernier week-end de mai. En famille, en solo, en duo, en troupeau, en rando, à vélo ... Ils occupent un peu trop notre espace de touristes patentés et perturbent notre planning. Et bien, c'est à cause du Memorial Day, ce lundi férié où les Américains rendent hommage à leurs soldats morts pour défendre la patrie. Les cimetières militaires sont pavoisés, certes et notre hôtel a jalonné l'allée de drapeaux de bonne taille. Mais chacun à sa manière doit pouvoir montrer qu'il se souvient et s'il manque d'imagination, le dieu du commerce n'allait pas laisser passer cette occasion : les supermarchés sont inondés d'accessoires bleu-blanc-rouge, que l'on pourrait parfois recycler pour notre 14 juillet.
Des drapeaux, bien sûr, mais aussi des cocardes, des chapeaux, des t-shirts, des gâteaux "patriotic" et aussi des fleurs pour le cimetière, des fleurs artificielles en gerbe, sur une croix ou en couronne. Ça surprend quand même les couronnes mortuaires au supermarché, entre le rayon du popcorn et l'allée du coca.
Le patriotisme de l'Américain est chose sérieuse, dont on ne plaisante pas et pourtant il n'a pas besoin de solennité empesée pour s'intégrer à une vie quotidienne haute en couleur (du moment que c'est bleu-blanc-rouge).

Les cow-boys de Dolorès
Alors là, les amis, j'en suis encore toute esbaudie : imaginez-vous que mon organisateur de voyages à-moi-que-j'ai se prend à improviser ! Lui, le Grand Planificateur, qui travaille ses parcours 6 mois à l'avance, s'était déjà permis de changer d'hôtel dès le 2e jour. Et voilà pas que pour aller de Montrose à Fruita, il refuse de prendre la voie rapide qui nous y mènerait en 2 heures de temps. Et hop ! une incursion de 300 km dans le sud profond du Colorado. Et j'avoue qu'il en fut bien inspiré.
Ridgway, ça veut dire route des crêtes. Ce village du piémont des Montagnes de San Juan (oui oui, pour ceux qui suivent, c'est bien le Ridgway de l'échoppe à la feuille verte), fondé en 1890 autour de mines d'or et d'argent, est adossé à une impressionnante falaise.
On n'a même pas idée qu'un passage pourrait exister, on essaye de résister aux sollicitations têtues de notre GPS, mais il insiste, on lui cède et la piste se dévoile. Raide, mais efficace, puisqu'en quelques virages nous voilà au sommet, sur le plateau. Un plateau immense, riche d'eau et d'une végétation presque exubérante. Culture, élevage, ruisseaux et petits lacs, chaque ranch a son étang. D'où peut bien venir toute cette eau ?
A l'autre extrémité du plateau, on commence à descendre les gorges de la Dolorès.
Et ça va bien durer 200 km, souvent tortueux, d'abord sur une route taillée à flanc de falaise, puis, arrivé au fond de la vallée, on va accompagner Dolorès au fond de son lit, qu'elle a creusé profond en quelques millénaires, avec des passages plus étroits où on la côtoie de tout près. A relecture, je m'aperçois qu'il pourrait y avoir une double ... lecture un rien grivoise. Et que le sexisme remonte insidieusement de notre inconscient même quand on cause des cours d'eau : les rivières sont excitantes, tumultueuses et capricieuses, tandis que les fleuves sont puissants et majestueux. C'était pareil avec les petits noms des ouragans, il fut un temps : toujours des noms de nanas.
On arrive bien tard sur Grand Junction, un rien affamés et en cherchant un peu, on tombe sur un bar-grill (sic). Du côté "bar" émane une atmosphère un peu bizarre avec ses lumières bleues et qui semble plus mystérieuse dès qu'on s'enfonce dans ses entrailles sombres. L'on opère donc une retraite stratégique sur le grill en terrasse, sous les parasols violets, car qui dit Grill, dit VIANDE et on voudrait bien goûter un de ces sirloins grillés américain. Waouh ! que ça fait du bien un bon morceau de bœuf grillé ! On était en manque, après 4 jours de salades de supérette.
Et là, l'on se régale, sans la moindre pensée pour les jolies petites vaches que l'on a rencontrées tout le long de la vallée de la Dolorès. Nos pièces de viande venant du Texas, on se sentait encore moins concernés. Car dans la vallée, on a rencontré des vaches partout, sur le bord de la rivière, dans le petit bois de peupliers, dans le coin de prairie verte (et ouverte aussi, sans clôture,"open range", qu'ils disent) ou même au milieu de la route, avec leurs petits, surtout des jeunes mères avec leurs veaux. On a même remonté un petit troupeau d'une trentaine de têtes qui trottaient allègrement sur le macadam, encadrées par deux vrais cow-boys sur des vrais chevaux, avec des vrais chapeaux et de vrais lassos, yahooo.
Un peu plus loin, on a vu que les bêtes (mères et petits) arrivaient par camions entiers depuis le ranch de naissage, étaient relâchées dans la nature et commençaient à divaguer sur la route, comme ça, c'est tout. La route est jalonnée de panneaux signalant la présence de bétail et barrée de "cattle guards", ces barrières horizontales que les vaches ne franchissent pas.
Grand Junction ne doit pas son nom à l'immense gare de triage où le bétail était embarqué sur les trains, après avoir été acheminé depuis la vallée de la Dolorès au Sud, par le col de Douglas au Nord. Non, junction ici signifie confluent : où la Green River rejoint le fleuve Colorado.
De Grand Junction, direction le Colorado National Monument, un parc national où la route du bord de la falaise nous fait parcourir 37 km pour joindre 2 points distants de 12 à vol d'oiseau. Comme dans toutes ces visites de canyons, on nous fait cheminer au plus près de la découpe du plateau histoire de se faire peur en se penchant sur les abimes vertigineux (au sens propre pour certain hi hi hi) et de s'émerveiller des perspectives infinies.
Et l'on retrouve de point de vue en mirador les mêmes co-touristes, que l'on salue chaque fois d'un Hi again ou d'un Re-bonjour. Enfin presque toujours : quand nous sommes arrivés au dernier poste, il y avait bien la voiture, vide, et un sac photo posé sur la margelle, mais les 2 petits jeunes que nous avions croisés plusieurs fois, n'étaient pas là. Pas de sentier. Derrière nous, la route par laquelle on était arrivé, et devant rien que le vide, le silence et un grand mystère. Un peu plus loin, on a vu tournoyer 3 grands rapaces que les rangers du parc nous ont identifiés comme des Turkey Vultures. Je vous laisse chercher ce que c'est et vous faire votre propre histoire. Je me contente d'énumérer des FAITS.
L'insolite du Colorado National Monument, ce sont ces autres canyons, suspendus comme une vallée haute, côtoyant les canyons plus profonds. Et puis les canyons du Monument sont moins tortueux et moins longs que leurs collègues, offrant des perspectives sur la vallée et au-delà vers ces montagnes qui nous séparent de la vallée de Douglas Creek.
A très bientôt, pour de nouvelles aventures. Enfin, peut-être. Mais jusqu'à présent nous avons su nous en sortir et comme nous sommes inscrits au fil d'Ariane pour signaler au Ministère des affaires étrangères les détails de ce voyage périlleux, on nous retrouvera certainement, même si ce n'est pas en un seul morceau.
Kat & Cissou

Mélodie en sous-sol
S.L.C. Salut les copains ♪♫♫
Le 30 mai, départ de Fruita vers Rangely. D'abord une grande plaine cultivée qui se peuple peu à peu de petites dunes aplaties jaune paille. Elles annoncent les montagnettes vert sombre qui barrent l'horizon. Il nous faut trouver une faille dans cette barre, pour avancer plein nord dans une vallée toute verte. On se demande comment ce peut être si verdoyant, car on ne voit pas le cours d'eau. Ah si, le voilà, on en aperçoit les bords ! Pas bien large, 3 mètres peut-être, il semble profond d'autant, comme un canyon en miniature dont les rives seraient cachées par cette multitude de petits buissons.
On commence à grimper sur le flan de la vallée, la route s'accroche. On atteint enfin le col de Douglas (2520 m), celui qu'empruntaient les cow-boys pour mener à Grand Junction les troupeaux de la vallée de Douglas Creek. Sur chacun des versants du col, une vue merveilleuse sur les deux vallées, celle du sud que nous venons d'emprunter toute verte de la douce herbe du printemps, et celle du nord, où les forêts alternent avec les alpages.
Pour en voir un peu mieux, un peu plus, on improvise en empruntant une belle piste qui grimpe vers l'est depuis le col. Notre première piste du voyage ! Faisons un vœu ! Pas déçus : plus c'est haut, plus on voit loin, plus c'est beau. On regagne la route pour descendre la vallée de Douglas Creek.
Au bout de la vallée, on parvient à Vernal où l'on trouve un steak house qui va nous régaler et les soldes d'un magasin de sports qui vont faire chauffer la carte bleue.
Pour l'hôtel du soir, à Rock Spring, c'est, comment dire ... un peu spécial. C'est le jour des premières donc, car nous n'avions encore jamais dormi dans un sous-sol, sans lumière du jour. (mais la nuit, en est-il besoin ?) Les seules ouvertures de la chambre, vitrée de haut en bas et sur toute la largeur comme dans certaines échoppes d'Amsterdam, donnent sur un patio géant où règne une piscine dont les vapeurs de chlore me font saigner du nez.
Pourtant, on dirait pas, vu comment c'est présenté sur leur site.
La voute du patio tout là-haut là-haut est agrémentée de deux ou trois vasistas d'usine. Pour compléter l'ambiance industrielle du site, une climatisation puissante déverse bruyamment un flux d'air pulsé par une bouche ouverte de plus d'un mètre de diamètre au bout d'un énorme tuyau qui débouche juste au-dessus de la porte de notre chambre. Car oui oui oui, la chambre est équipée d'une porte, ça c'est inclus dans le prix.
Le 31 mai, on prend la route vers Lander. Tout est plat, en vert lichen, rien ne dépasse. La prairie est soigneusement clôturée. Les Pronghorns, ces antilopes américaines, se promènent de l'autre côté du barbelé. Même si ce sont les animaux les plus rapides du continent, elles sont nulles en saut en hauteur et préfèrent se contorsionner et s'écorcher le dos en passant par dessous. J'en vois une qui hésite devant un cattle-guard (voir épisode précédent), ces grilles garde-bétail de moins d'un mètre de large. Une buse sur un piquet monte la garde. Des vaches broutent sans se mêler des affaires des autres.
Le paysage commence à s'animer vers la rivière de Sweet Water. Quelques collines d'abord douces et rondes, puis un peu plus loin, hachées par des roches taillées à la verticale. Après South Pass, on cherche la faille qui nous fera passer la montagne. On a vu deux plaques de neige, on est à 2400 mètres, la température est descendue à 15°.
A Lander, l'association des familles de pionniers, soutenue par la ville et par des dons de particuliers, a reconstitué le village des premiers pionniers et l'a transformé en musée grandeur nature dont l'accès est gratuit. Des maisons de bois ont été déplacées, remontées, entretenues. On y trouve le General Store, l'écurie, l'école, l'église, le bureau du journal de l'époque, le Wind River Mountaineer, avec son imprimerie et sa collection de fontes. Les moyens mis en oeuvre et le résultat impresionnant font rêver tout animateur d'une société d'histoire locale. Nous allons pique-niquer sous le grand hall couvert, à l'abri du soleil. Il fait chaud et lourd.
Nous aurons tenté 3 pistes de découvertes aujourd'hui, mais aucune traversante, malgré tous nos efforts.

Yellowstone, ce volcan au sommeil si léger
Coucou c'est nous !
Ce 1er juin, nous voulions le consacrer au Parc National du Grand Teton, que nous n'avions que survolé en 2012. Il touche le parc de Yellowstone à son entrée Sud et se trouve à l'extérieur du volcan. Nous devons dormir ce soir dans un chalet situé juste en limite des deux parcs. Hélas, Le Grand Teton doit être maudit ou alors c'est nous.
Dès son premier abord, à 8h du matin, par 4°C, la voiture tombe en panne de batterie. Nous sommes sur un parking isolé de la route, le téléphone ne passe pas et il commence à neiger. Nous savons qu'il y a des ours dans ce parc, et des loups aussi ... Je m'apprête à rejoindre courageusement à pied un axe plus passant, quand soudain une voiture a l'idée saugrenue de venir nous faire un coucou. Faut dire que c'est le parking des WC et par hasard, nous avons garé la voiture près de cet endroit stratégique à l'heure où il faut évacuer le café du matin. Ce que font ceux qui descendent de la voiture avant d'envisager de nous sauver la vie. Un couple de l'Orégon, sympathique et efficace. En 10 minutes la voiture repart, grâce aux câbles de démarrage et à l'expertise de notre sauveur orégonais. Nous nous perdons en effusions, nous échangeons nos adresses et nous remontons fissa dans les voitures, car ça fait quand même un peu froid.
Nous croisons soudain une harde de biches-mulet qui traversent devant nous. Elles attendent le mâle dont nous avons aperçu les grands bois dans le taillis. Et elles nous regardent, droit dans les yeux. Les cerfs mulets se reconnaissent à leur cul blanc et aux grandes oreilles qui leur donne leur nom.
Le Grand Teton, comme son grand frère Yellowstone a souffert des incendies de 2016. Avec la neige, la déco est black and white. A la fin de notre séjour à Yellowstone, nous aurons abordé le parc par chacun de ses 5 accès. Eh bien, seules les entrées du Nord et Nord-Est ne nous accueillent pas en prenant un air de martyr avec des hectares de bois brûlé à perte de vue. C'est d'un sinistre, d'un désespérant, et l'on pense à tous les animaux qui ont dû disparaître.
La politique de communication du parc sur les incendies est assez surprenante aux yeux d'un européen. On ne voit pas d'avertissement sur les risques d'incendie, juste qu'il ne faut pas fumer aux abords de certaines manifestations hydrothermales, car leurs émanations comportent un risque explosif. Et bien non, on nous essssplique que le feu c'est rien que normal, que c'est naturel et nécessaire pour renouveler la végétation et éviter que la forêt n'envahisse la prairie. L'administration du parc a recyclé cette catastrophe écologique en démonstration pédagogique, voire même en attraction à l'américaine, avec expo in situ, fléchée avec parking ad hoc. Super propagande cette récupération.
Nous avons rencontré quelques animaux. Un grand wapiti aux bois de velours : ils perdent leurs bois chaque année et au moment de la repousse, les bois nouveaux semblent être recouverts de velours. Je viens de voir que le bois de velours donne lieu à exploitation et commercialisation. Voyez donc le site de cet éleveur de wapiti qui transforme le bois de velours en médicament. Curieux et pas trop sympa, mais jusqu'ici, je ne savais pas que les wapitis faisaient l'objet d'élevage : http://bonwapiti.com/les-%C3%A9tapes-de-transformation-des-bois-de-velours/1100
Mais le mauvais temps nous poursuit et nous chasse. La neige qui alterne avec la pluie ne nous permet que de rares points de vue. Demain, on nous promet du soleil.
De bon matin le 2 juin, nous sommes sur le pied de guerre, mais ça commence doucement, tout est givré. On part comme font les américains avec nos grands gobelets chauds et hyper sucrés que l'on place dans les emplacements ad hoc de la voiture. Toutefois cette journée va être belle et nous offrir en une seule journée, tout ce qui fait Yellowstone, comme si on le consommait en sucré-salé, à la mode US : neige et soleil, et toutes les attractions du parc en même temps, les manifestations hydrothermales, les animaux sauvages, les cascades XXL et les cars de japonais.
Sur le bord du lac à Lake Village, une biche wapiti remonte la rive et commence à traverser la route juste devant nous pour s'enfoncer dans le bois. Mais son petit ne suit pas et elle retourne le chercher.
Un peu plus tard, un embouteillage de paparazzi. Ça se passe comme ça à Yellowstone : les voitures s'arrêtent, n'importe où, dans tous les sens, les gens descendent, l'appareil à la main, s'il y a attroupement, il y a quelque chose à voir, un animal certainement. Parfois un ranger essaye de maintenir un semblant d'ordre et donne des explications. Là, c'est un bel élan qui broute tranquillement, malgré les crépitements des appareils photos de ses fans.
Vers le soir en explorant une piste imprévue, nous tombons sur un élevage de chevaux : nous sommes au Wyoming, que diable !
C'est tout pour aujourd'hui les amis !
Kat & Cissou

C'est comme vivre sur un volcan
Lettre du 8 juin 2018
Amis européens, bonsoir ou bonjour ça dépend...
Comme vous le savez tous, la prochaine éruption du volcan de Yellowstone aura des conséquences climatiques sur la planète entière, vu la quantité de cendre qu'il projettera dans l'atmosphère. Sur le site l'an passé ont été enregistrés près de 1000 tremblements de terre en un seul mois. Et à l'intérieur de la caldeira, il y a en permanence 10 000 manifestations géothermales différentes (geysers, marmites de boue, bassins bouillonnants, fumerolles) qui sont autant de preuves que la terre respire et que ça s'agite un peu là-dessous. Je ne ferai pas de pronostic, cherchez donc sur Wikipédia, histoire de vous faire peur. Mais nous sommes en confiance : le ministère des affaires étrangères, qui sait tout sur tout, nous a écrit (puisque nous sommes inscrits sur le Fil d'Ariane) pour nous enjoindre d'éviter Hawaï et son volcan en colère, mais n'a rien dit sur Yellowstone. Puisqu'on vous dit que ça va bien se passer !
Bassin de Norris
Les animaux à Yellowstone ne s'inquiètent pas vraiment de la prochaine éruption. Les touristes non plus. Les premiers procréent à tire-larigo. Les seconds aussi se multiplient et ce n'est pas qu'une impression : 25 à 30 % de plus par rapport à notre séjour de 2012, 20 à 25000 par jour en juin. Nous n'avons pas pu voir tout ce que nous avions planifié pour cause d'embouteillages. Pire que la rentrée sur Marseille à 8h du mat. Total : sur les 4 jours prévus sur Yellowstone, on a filé 2 jours au Montana pour respirer un peu.
Et quel bonheur le Montana ! que c'est beau. D'abord, comme son nom l'indique, c'est la montagne. De la chaîne volcanique Absaroka adossée à Yellowstone, on est passé aux monts plus anciens des Beartooth Mountains. De nombreux lacs tout gelés, un col à 3300m, un vent glacial, des congères de 3 mètres et quelques skieurs qui profitent encore des tire-fesses en service.
Beartooth Mountains
Ça change de Yellowstone et de ses 28°. Le bouibouis d'altitude s'appelle Le Toit du Monde et c'est bien à ça que ça ressemble ici.
Lac gelé sur la route vers Beartooth
Pour en revenir aux animaux, et comme c'est le printemps, le carnet rose de Yellowstone s'est allongé chaque jour un peu plus.
Voici Bambi qui suit sa maman cerf-mulet.
Petit nounours deviendra grand.
Le poulain et sa maman
Le premier bain des bébés bisons
Nous allons quitter la région pour visiter un peu plus le Wyoming vers l'Est, ainsi que le Dakota du Sud.
That's all, folks !
Kat &Cissou

Dakota, nous voilà
Salut les fans !
Une rectification sur le précédent billet, le 7e si vous n'en n'avez manqué aucun. La famille au fichu et au chapeau de paille que l'on a vue dans le défilé de la Shell Creek, c'étaient des Amish, pas des Quakers. Je précise, parce que je connais certains petits chipoteurs qui vont faire des recherches, rien que pour le plaisir de relever mon erreur.
Plein de premières fois pour nous à partir du 6 juin. Les premiers chiens de prairie. Voir la dernière photo du billet précédent : et non Marie-Hélène, ce ne sont pas des Tic & Tac, qui sont des chipmunks, mais des chiens de prairie qui discutaient ferme.
Chipmunk : Tic ou Tac
Il y a toujours un ou plusieurs guetteurs dans les colonies de chiens de prairie, comme à l'entrée de nos cités. Et là, ils étaient en train de se passer les consignes, entre deux tours de garde. Un peu comme les marmottes, si un envahisseur s'approche trop des terriers, le guetteur se met à piailler, on dirait un cri d'oiseau, assez strident.
Chiens de prairie
Une autre première fois, pour nous, c'est le Dakota du Sud. C'est un état qui nous a bien plu, une impression de sérénité, de plénitude, de beauté verte (ou pas). C'est un état assez peu peuplé: 800 000 habitants et nous l'avons abordé par le parc national des Blackhills. Certes, il convient de faire abstraction de l'exploitation intensive du site par des attractions "populaires et familiales" (maison hantée, mine du chercheur d'or, tyrolienne ou musée de cire) qui gâchent un peu le paysage autour de la ville exclusivement touristique de Keystone. Mais qu'est-ce qu'il a ce site ? C'est le Mont Rushmore qui se trouve sur le territoire de Keystone, celui où sont sculptées dans la montagne les têtes des présidents, des pères fondateurs de la Nation.
Ce monument est impressionnant, et nous l'avons vu sous une belle lumière. On pourrait se dire que ce n'était pas la peine de payer le parking pour l'aller voir de plus près, parce que l'on en a de très beaux points de vue de la route, mais l'on aurait manqué tout l'atmosphère patriotique, tous les gadgets aux couleurs du drapeau et les papas qui expliquent sérieusement à leurs enfants pourquoi c'est important et God bless America.
Washington (je crois...)
Mais les Blackhills, ce n'est pas seulement le Mont Rushmore (où on ne peut pas monter comme dans La Mort aux trousses). Les voies qui traversent le parc sont sur des dizaines de kilomètres des autoroutes à 2 fois 2 voies, avec des terres-plein centraux si larges qu'il peuvent accueillir parfois un petit bois et qu'on perd de vue l'autre sens. Les bas-côtés sont également très larges, en gazon entretenu à la tondeuse. Et un peu plus loin les forêts des Blackhills, si belles, sont jusqu'à perte de vue constituées de conifères, distants chacun de 5 à 10 mètres, sous lesquels pousse une herbe verte.
La forêt est exploitée, maintenue avec soin comme un parcours de golf si d'aventure des arbres y poussaient. Parfois, on aperçoit des tas de buches et de grumes, qui attendent d'être enlevés, car leur vocation n'est pas de pourrir sur place en un sous-bois infâme. De place en place, la forêt laisse s'étaler de petites prairies vallonnées où se nichent des maisons cossues, qu'on ne sait identifier en ferme ou en villégiature.
Au sortir de la forêt, on rencontre alors les exploitations forestières, les scieries, les productions de granulés pour les poêles et les fours à charbon de bois. Rien ne se perd.
Le Dakota du Sud, c'est aussi la Devil's Tower, la Tour du Diable immortalisée au grand écran par le film de Stielberg Rencontres du 3e type. On l'avait ajouté au parcours par curiosité ou pour satisfaire la passion d'une fan. Et puis quand on s'est rendus là, ben, c'est encore une merveille.
Cette roche jaillie de terre, dont la formation a donné naissance à 4 théories scientifiques, sans compter la légende indienne, dégage une impression de calme et de puissance magique que les indiens expliquent : c'est un lieu sacré, et ceux qui en repartent, ont l'esprit en paix et le bonheur au cœur. Enfin, ce n'est sans doute pas l'opinion de tout le monde, car un peu plus bas dans la vallée, un illuminé a recouvert toute sa maison de métal, murs et toit, sans doute pour éviter d'être agressé par les ondes extra-terrestres. Il a dû trop aller au cinéma.
Le dernier incontournable du Dakota du Sud, c'est le parc national des Badlands. Ça veut dire les mauvaises terres en langue d'ici, mais on y a vu pourtant des champs immenses, à perte de vue avec des cultures céréalières (encore trop jeunes pour identification), de l'élevage. Nous avons abordé le parc au bout d'une piste de 40 km. Parfaitement entretenue, large, on y roule à 100 km/h sans inconfort.
Le parc des Badlands, c'est d'abord de petites collines, qui se transforment en plateaux, on y croise quelques bisons. Quand on se perche au bord du plateau, le regard se perd dans une succession de petits vallonnements, puis le fond de la vallée se découpe en buttes ravinées, puis déchirées quand les roches plus dures dessinent des séries de barrières déchiquetées. La route descend peu à peu pour sinuer entre ces dentelles de pierres que l'on peut enfin approcher, toucher, après les avoir vues de si loin.
On ne vous causera pas de Denver, on n'aime pas trop les villes, ni la foule, ni les embouteillages. Assis dans la salle d'embarquement à l'aéroport, on préfère se souvenir des belles forêts, des torrents tumultueux et des jeunes animaux du Printemps que l'on a croisés dans ce si beau pays.
A demain , on sera de retour!
Kat & Cissou
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