Canada 2016

Vancouver et Richmond

Vancouver et Richmond

1er octobre 2016
A l’atterrissage, on a eu un peu de souci pour se ravitailler, notre hôtel est dans un quartier japonais, comme tout Vancouver, mais en plus extrême. La plupart du temps tout est indiqué en bilingue (Anglais Japonais), mais plus souvent, c'est tout en hiéroglyphes comme là-bas : enseignes, infos sur les paquets...
Aussi, quand j'ai vu dans une galerie commerciale une échoppe de barbier comme à Chicago, je l'ai chopée illico (on me voit un peu sur la gauche de la photo) car c'était ça l'exotisme, dans le quartier.

Ce 2 octobre 2016,
on a découvert qu'il n'y avait pas que des Asiatiques à Vancouver. Contrairement à la ville satellite de Richmond, où nous avions choisi l'hôtel pour être près de l'aéroport à l'arrivée. Et encore, même là, on a pu mettre du sirop d'érable sur nos pancakes. Pas de la sauce soja ...
Cette ville est grandiose, enfin ce que nous en avons vu sur le littoral nord-ouest de la ville, où est situé le musée d'anthropologie. Tout est démesuré. Les larges avenues qui traversent des zones forestières denses.
Des villas classieuses, immenses, manoirs ou quasi-châteaux, palais à la grecque, pas comme les champignons, mais avec profusion de colonnes et de frontons en simili marbre, demeures en bois de 500m2 ou habitations-concepts toutes de métal et de verre, se succèdent le long du bord de mer ou pas trop loin. Les parcs qui les entourent sont de bonne taille, très léchés et très protégés. Grilles (de préférence à pointes dorées), hauts murs ou haies opaques, caméras de surveillance, secteurs entiers réservés aux riverains, au milieu de 7 ou 8 golfs. On sent que les résidents sont contents d'eux, pleins aux as et peu discrets sur leur réussite sociale. Le paraître règne en maître. A proximité, on trouve aussi plusieurs campus universitaires et centres de recherche. Et s'intercalent quelques secteurs un peu moins sélects, mais c'est toujours pas la zone... Bon, là, on ne le dirait pas, mais en fait on était très enthousiastes et on a pris des tas de photos.
La côte est profondément échancrée, parfois, la montagne descend jusqu'à l'eau. Dans le détroit qui sépare le continent de l'archipel, croisent de nombreux cargos, on a l'impression qu'ils sont tout près, à moins de 500 mètres. Les larges sentiers aménagés le long du rivage sont sillonnés de joggers, de cyclistes, de chiens qui promènent leurs maîtres et longés sur la mer par des colonnes de rameurs qu'on entend ahaner depuis la berge.
Et au milieu de ce pays des gens heureux et riches se dresse, le Museum Of Anthropology (MOA) de Vancouver.

Vancouver Museum of Anthropology

Vancouver Museum of Anthropology

       Le Museum Of Anthropology (MOA) de Vancouver fut créé en 1947 sur un terrain de l'université de Colombie Britannique, il se dresse sous sa forme actuelle de béton et de verre depuis les années 70. La salle la plus impressionnante, qui abrite les plus hauts totems, s'ouvre à la lumière sur le lac du parc. Sur la rive du lac, une reconstitution de constructions indiennes assure la continuité du décor de part et d'autre des parois de verre dans une mise en scène un peu trop appuyée. Les collections du musée ne sont pas seulement riches d'artefacts indiens locaux, même s'ils constituent le cœur spectaculaire de ses expositions. De nombreuses salles présentent des objets d'artisanat anciens et actuels de "peuples premiers" d'Amérique, d'Afrique et d'Asie. J'ai l'impression de me retrouver au Musée de l'Homme de mon enfance, les momies en moins, le spectacle en plus.

Et quand on croit avoir tout vu, on s'aperçoit que sous chacune des vitrines se trouvent 4 ou 5 tiroirs, de 1, 2 ou 3 mètres de long. Par curiosité, on tire sur les poignées, et l'on découvre d'autres objets exposés, à plat, sous une protection de verre, en relation avec la vitrine du dessus. Après consultation et vote, nous décidons à 2 voix sur 2 de ne pas refaire le parcours, car le quota de minutes du parking va exploser et nous n'avons pu payer que pour 2 heures (8 $)

Le MOA présente aussi une collection permanente de céramiques européennes ainsi qu'une exposition temporaire d'un peintre indien très coloré et très contestataire. Nous avons trouvé l'ensemble superbe, incontournable et bien mis en scène. On aurait pu y rester plus longtemps, mais au-delà des contingences de parking, d'autres aventures nous attendaient avant la fin de la journée. Comme partout à Vancouver., les collecteurs d'amendes sont à l’affût des stationnements qui dépassent. On pourrait même penser que les amendes sont la première ressource locale. Après les droits de parking, bien sûr.

Détroit de Géorgie et ville de Victoria

Détroit de Géorgie et ville de Victoria

Après-midi du 2 octobre 2016 (mail à la famille et aux amis)

Nous demandons à Fifille, notre antique GPS TomTom de 10 ans, de nous mener à l'embarcadère vers l'île de Vancouver. Elle fait des caprices, ne connaît pas Tsawwassen (vous non plus, n'est-ce pas ?), mais après quelques détours nous sommes enfin sur la bonne route. 15 km avant le port, un panneau lumineux informe en temps réel que le ferry de 13 h est déjà plein à 74 %. En suivant la signalétique du ferry pour Victoria, on arrive facilement à une série de portiques de péage, on paye la traversée aussi facilement que le tunnel du Prado et en 5 minutes nous voilà à fond de cale, embarqués pour une croisière de 95 minutes. Francis doit se souvenir d'avoir bloqué toute le débarquement du ferry des Baléares pour admirer le paysage, car il hésite à monter sur le pont. Il se décide enfin et nous explorons les 7 ponts. Le paysage est exceptionnel, surtout quand nous commençons à zigzaguer entre les îles. Nous prenons des tas de photos. A un moment nous croisons la frontière avec les USA. Le débarquement à Swarzbay se fait aussi facilement qu'au départ et en un rien de temps, nous roulons déjà sur la voie rapide.

Victoria ! la capitale d'une province qu'on atteint que par la mer ou par les airs ! Notre hôtel est tout près du port et de notre balcon, nous avons vue sur le Parlement. On pose direct les valises, et pique-nique dans le sac à dos, on commence la promenade sur le sentier littoral, en pleine ville. Le long de la baie, les hôtels chics succèdent aux résidences de luxe, le soleil est au rendez-vous, comme pour notre croisière entre les îles. C'est dimanche, les gens sont sympas, il y a des chiens partout sur les pelouses qui dominent l'eau. Nous marchons jusqu'à un petit village flottant qui de loin a un petit air de Sausalito avec ses maisons-bateaux colorées, mais, de plus près, a plutôt le look et le parfum du Pier 39 de San Francisco : fish and chips et attrape-touriste. Sur la baie, un hydravion vient d'atterrir, et va flotter gentiment jusqu'au fond du port pour déposer ses passagers au pied du parlement. Il croise un ferry, celui qui relie les États-Unis, et qui est guidé par un bateau-pilote. Des bateaux-bus colorés comme des jouets de bain font la navette en permanence tout autour de la baie.

Voilà pour notre dimanche, plein de découvertes. A bientôt, pour de nouvelles aventures.

Kat & Cissou

Duncan et Tofino

Duncan et Tofino

3 octobre 2016 : Tofino ! Là où le ciel rencontre la mer ! 

Le matin du 3 octobre, nous avions quitté Victoria, et après un dernier passage devant le Parlement (Victoria est quand même la capitale provinciale de la Colombie Britannique), nous voilà on the road again. Direction Tofino, à 300km.

Beaucoup moins d'aventures aujourd'hui, surtout de la route. Circulation dense même dans des coins reculés, beaucoup de camions transportant des billes de bois, c'est une activité importante dans le coin et il ya de quoi faire, surtout du cèdre rouge. Cissou avait prévu un raccourci par une de ses pistes dont il a le secret. Les autochtones nous l'ont déconseillé en regardant avec pitié et condescendance le super SUV Rogue de Nissan que nous trouvions pourtant paré pour la piste. On a quand même essayé, mais demi-tour après 5 km : une piste noire (couleur de la terre), comme de la tôle ondulée, avec des ornières boueuses et surtout des grumiers roulant à toute berzingue et qu'on devait se garer n'importe où en urgence dès qu'on en croisait un. 

Le gros bourg de Duncan était un passage obligé, au moins en raison de sa collection de totems.

Nous avons enfin filé vers Tofino et le parc national du Pacific Rim dédié à la forêt pluviale. Ahhh ! Tofino, au bout du bout de l'île, là où le ciel rencontre la mer...

Mais avant ça une digression sur notre première expérience de motel sur le continent américain. Des bâtiment de bois bleu quasi sur le quai, avec de magnifiques escaliers extérieurs. Kat avait oublié que sur ce continent, on compte le rez-de-chaussée comme le niveau 1, pas le zéro. Et Cissou s'est donc coltiné les 2 valises sur 2 volées d'escalier vers le haut, puis une vers le bas.


D'Ucluenet à Nanaïmo

D'Ucluenet à Nanaïmo

4 octobre 2016 : Rain Forest

On s'est demandé pourquoi on appelait "rain forest" cet enchevêtrement d'arbres géants, debout ou couchés, de mousses, de lichens et de fougères. Comme Kat est traducteur patenté, elle a avancé "forêt pluviale", a précisé "en zone tempérée". Mais pourquoi donc pluviale ? On n'aurait pas du parler tout haut : le ciel nous a entendu et nous a expliqué, avec force démonstration comment ce climat-là favorise cette végétation-là. C'était l'après-midi du 3 octobre, la leçon nous a été répétée le lendemain matin, hein, pour qu'on se rentre ça dans le ciboulot, des fois qu'on n'aurait pas compris.

Dans ce coin de paradis, la forêt pluviale (rain forest in the text), est protégée depuis février 2016 par un accord entre le gouvernement provincial de Colombie-Britannique, les Peuples premiers, les écologistes et l’industrie. En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2016/02/02/le-canada-sanctuarise-une-vaste-foret-de-la-cote-pacifique_4857572_1652692.html#f2Z0GOyFVwRWskwG.99.

Le 4 octobre, nous voilà donc repartis vaillamment, on the road again, histoire de tester nos cirés. De Tofino, on a essayé de fouler quelques rivages du parc national du Pacific Rim. Il fallut escalader des billes de bois enchevêtrées telles un mikado géant que les marées avaient repoussé à la limite de la forêt. Car la forêt dégouline jusqu'à la mer. Les vagues qui semblaient très méchantes et le ciel en pleine démonstration de ce qu'est une forêt pluviale ont émoussé un peu notre enthousiasme.

Nous sommes repartis vers Ucluenet, à une vingtaine de kilomètres, en brassant les nombreux prospectus étalés dans la voiture. Des sections entières y sont consacrées à ce que l'on peut bien faire dans le coin un jour de pluie. Preuve donc que c'est rien que NORMAL sur le secteur. Et la révélation vint d'une petite phrase : il ne pleut pas tant que ça, on est quasi à l'abri en suivant les sentiers dans la forêt pluviale, tant la canopée est dense. Et bien, courageux comme pas un, on a testé pour vous à Ucluenet. Et c'est pas faux ... quand le débit du ciel relève de la bruine bretonne. Mais dès que ça coule un peu plus, on est quand même trempé comme une soupe. La mention du prospectus, pfff ... c'est de l'arnaque. Enfin, tout est sujet à interprétation.

Une super balade, surtout au début quand ça goûtait pas encore trop. Une boucle de 2,5km autour du phare, tantôt en pleine forêt (P.L.U.V.I.A.L.E. répétez après moi), tantôt sur la piste du bord de la falaise, au moment où la mer se mettait en colère à la marée montante. Mais en fait, c'était aussi dans la forêt puisqu'elle dévale les pentes raides jusqu'à l'eau..

Superbe, vraiment incroyable. Mais on a estimé avoir atteint notre quota d'eau du ciel et on a zappé l'exploration prévue de l'autre rive du fjord de Port-Alberni. Direction Nanaimo, sur la rive Est de l'île où nous prendrons demain le ferry pour regagner le continent.

That's all, folks. A bientôt pour de nouvelles aventures avec Kat et Cissou.

De la côte à  Whistler

De la côte à Whistler

5 octobre 2016 : le retour sur le continent.

Ores d'oncques, ce 5 octobre nous quittions les rivages humides de l'île de Vancouver, qui doit être un lieu sacré, un mix des brumes de la légendaire Avallon et des pluies du Mont-Bego. On dira que c'était ça. La croisière du retour sur le ferry qui nous ramenait sur le continent eut des accents plus bretons qu'exotiques.

Mais vers Vancouver, des coins de ciel bleu déchirent le ciel cotonneux et plus loin, le soleil fait briller la neige sur des pics qui émergent.

En remontant la vallée, des contrastes violents entre le vert sombre des persistants et les jaunes/oranges/rouge des érables, bouleaux, peupliers. Et dans les mêmes tons, de place en place, les étals des marchands de citrouilles rappellent qu'il ne faut pas tarder à mettre en place les décors d'Halloween. Une balade courte pour admirer la chute de BrandyWine Falls qui tombe de 70 mètres dans la rivière. Un pilote de drone fait voler son engin au ras de la cascade. On essaiera de retrouver sa vidéo sur YouTube, car nous étions là ce jour-là, peut-être nous y verra-t-on jouer les figurants...

On commence du même point une autre promenade qui annonce 8 km aller-retour pour passer sur un pont suspendu en aval de la même rivière. Mais nous n'en n'avons même pas fait le quart, découragés par le profil en montagnes russes du sentier.

Le gros village de sports d'hiver de Whistler (celui des Olympiades 2010) est plutôt chicos. Hôtels et résidences de luxe, boutiques de marque, moult cafés et restaurants aux terrasses bondées et bruyantes bruissantes de conversations animées. Peu de clients dans notre hôtel, mais pourtant le village est très vivant, sur un mode un rien artificiel, beaucoup de jeunes partout, sportifs ou studieux, qui donnent une allure d'amphi à la salle de congrès vers laquelle ils se hâtent. Atmosphère étonnante à mi-chemin entre Crans-Montana et un campus d'université un peu classe. La balade recommandée par l'hôtesse zigzague entre les parkings à 30$ la journée et le torrent qu'on y longe ne couvre pas le ronronnement du trafic sur l'autoroute. Certes notre hôtel valait le détour. Surclassés qu'on était (pour cause de mi-saison, sans doute) avec la suite-studio-cuisine. Et les peignoirs tous doux. Et l'ascenseur qui ne vous amène pas à votre étage si vous ne passez pas la carte devant le machin magnétique.

Les parlers canadiens

Les parlers canadiens

Vous savez, les amis, on est au Canada. Et on se disait que pour les allergiques à la langue anglaise, ce serait plus confortable. Et bien pas du tout ​! En Colombie Britannique, ya que des "amis-qui-causent-pas-comme nous" (comme disent nos cousins québécois). Certes, on s'y souvient parfois qu'il y a 2 langues officielles dans le pays, enfin, l'info n'est pas toujours parvenue jusqu'aux confins de l'Ouest. Quand c'est en bilingue anglo-français, on voit de suite que c'est traduit par un anglophone d'aussi mauvaise volonté qu'un Flamand en pays Wallon. Mais notre léger étonnement est sans doute dû à l'évolution différente de notre belle langue française des deux côtés de l'Atlantique. Toujours est-il que l'on aura donc dans ces contrées occidentales du Canada encore moins entendu parler Français qu'aux États-Unis en raison d'une résistance active à la langue. Entendons-nous bien : on cause seulement de problème linguistique, les gens sont adorables, toujours prêts à aider, très accueillants. En plus, ils font des efforts pour accéder à la civilisation : non contents d'être passés au métrique (comme les Anglais), ils conduisent à droite (comme les Ricains).

En route vers les Rocheuses

En route vers les Rocheuses

Le 6 octobre 2016

... nous avons repris la route accompagnés d'un crachin qui semble être de saison.

Cissou avait étudié 2 petits détours hors des sentiers battus pour traverser des secteurs pittoresques et giboyeux. La réalité canadienne nous a rattrapés et a confirmé les conclusions de notre première expérience de piste sur l'île : quand c'est pas un gros trait rouge sur la carte, ça passe pas et les gros traits rouges, ben yen a pas 2, yen a qu'un. La première tentative, longeant d'étonnants lacs verts ou noirs, à travers une forêt riche et touffue, s'est terminée dans un cul-de-sac, à d'Arcy, un village perdu aux masures pitoyables. Sur le côté de la petite église déglinguée tout en bois, un panneau pas tout jeune, peint à la main témoigne d'un drame économique et social dont nous ne saurons rien : "Vous ne nous ferez pas racheter les terres que vous nous avez volées". Les quelques habitants ont plutôt le type indien. Et sur ce tracé, en matière d'animaux, nous n'avons croisé qu'un chien noir efflanqué.

La 2e boucle, depuis Lillooet, a tourné court quand on s'est trouvés face au pont effondré. Le trajet plus classique que nous avons alors emprunté nous a fait longer une vallée bien moins arborée que celle du début de la journée. Presqu'un paysage de toundra, avec la roche parfois nue et des touffes épineuses d'un gris vert qui ne faisaient même pas l'effort de disputer l'espace vital à quelques arbrisseaux malingres. Les versants étaient tantôt des a-pics quasi verticaux, comme coupés au couteau, tantôt plus obliques, mais ravinés, et toujours dans des camaïeux d'ocre et de brun.

Quelques fermes pas bien opulentes ont commencé à faire leur apparition. Des chevaux, qui ressemblaient plutôt à des poneys indiens, mais aussi un ranch d'élevage pour la monte et la course, de ce que nous avons compris. Peu à peu, le fond de la vallée, puis les bords du plateau s'élargissaient pour donner place à de grandes étendues cultivées. Au début de grands carrés de blé où le foin venait d'être roulé en bottes, puis des champs de maïs, tout ronds, parce que les grands bras d'irrigation arrosent en rayon autour du point central. Malgré les passages de grande solitude, tout cela donne l'impression d'une activité économique diffuse, agriculture, élevage, carrières et grumes, transformation de produits agricoles et tourisme. Les vallées sont sillonnées de lignes à très haute tension, pour acheminer vers la côte l'électricité des barrages.

Mais pour nous autres amateurs de nature et de petits oiseaux, pas le moindre raton-laveur à mettre à notre tableau de chasse (photographique). Certes, en arrivant à Kamloops, ce soir, on nous a bien proposé de visiter un zoo-refuge pour animaux blessés, mais c'est pas pareil ...

That's all, folks. A bientôt pour de nouvelles aventures avec Kat & Cissou.

La route et le rail

La route et le rail

7 octobre 2016

Salut la compagnie !

Ce 7 octobre, on a avalé du kilomètre, près de 500. Depuis Kamloops, nous filons vers l'Est. La petite ville étale son influence et ses activités, diffuses, loin dans la large vallée de la rivière South-Thomson que nous remontons. Des entrepôts, peu d'industries, sauf plus en amont une scierie étonnante coincée entre une gare et un plan d'eau, là où la rivière s'est élargie en un lac argenté. Le stock de matières premières est sur l'eau : encadrées par un barrage flottant, les grumes attendent en vrac leur tour d'être débitées. Et comment ce stock de bois brut sur l'eau est-il arrivé là ? Par camions ou par flottage ? Le produit fini est empilé en cubes géants qui attendent le transport : le rail ou la route ? Sachant que la gare est là ...

Depuis le Pacifique, nous avons tracé le même itinéraire que le rail. La route Transcanadienne que nous n'avons donc pas réussi à quitter (relire les épisodes précédents) relie l'île de Vancouver à l'île de Terre-Neuve. Elle n'a été achevée qu'en 1962 avec le passage du col de Rogers. La piste qui la précédait avant cette réalisation gigantesque avait si mauvaise réputation que bien des conducteurs préféraient prendre le train, avec leur voiture, entre Revelstoke et Golden. Cette portion de route est en effet située sur le tracé de plusieurs couloirs d'avalanche et une grand partie de l'aménagement a constitué à protéger la route par des abris-tunnels, à standardiser la détection des risques et organiser des systèmes de déclenchement mobiles, comme ce joli canon.

La route semble être en permanence en travaux pour élargir à 4 voies les sections qui ne le sont pas encore. Tout au long de notre parcours, nous avons observé des zones d'habitations précaires, agglomérats de mobile-homes plus ou moins civilisés, dont la localisation nous a semblé coïncider avec les secteurs des grands travaux. Ce logement des "hommes de la route", nous l'avons peut-être romancé abusivement, influencés que nous sommes par les récits africains de Boby, le frère de Francis, quand il traçait une route stratégique en Centre-Afrique dans les années 50 et qu'il était chargé de construire de place en place des villages complets pour loger le personnel.

Toujours est-il que tout au long des vallées, le train pousse ses rails et les convois d'une centaine de wagons avancent ... à un train de sénateur. Au loin, le serpent mécanique qui s'étire sur un km ou plus, semble à peine bouger. Sans que l'on sache si la nonchalance du monstres de métal est due au profil difficile de la ligne, au poids à tracter ou à la densité du trafic, sur une voie parfois unique. Du côté de Field, un peu avant d'arriver en Alberta, le passage de la côte était si raide, que le train déraillait assez souvent. 2 tunnels en spirale ont été construits pour abaisser la pente à un degré plus praticable. Voir =>>>là

Nous atteignons notre étape de Golden bien plus tôt que prévu et nous partons explorer un trail imprévu : les chutes de la Wapta. Nous marchions sans parler sur la piste tracée lorsque sous des sapins pareils à ceux des Landes (en paraphasant Vigny qui était plus rimeur que botaniste) nous avons aperçu... non pas les empreintes du loup , mais deux jeunes anglaises pas très rassurées, qui nous ont demandé si les ours attaquaient dans ces parages. On a laissé planer le doute et on leur a proposé de se joindre à notre expédition. On s'est arrêté en haut de la cascade, un peu trop dur pour nous d'aller jusqu'au pied, surtout pour la remontée, la chute fait 30 m de haut. Les filles y seraient bien allées, mais seules ... elles ont fait demi-tour aussi sans nous lâcher d'une semelle. C'est aux chutes de la Wapta qu'a été tourné Le Ruffian quand l'or volé tombe au fond de l'eau. Je crois qu'on a loupé le meilleur point de vue Voir ==>> là. Faut qu'on y retourne.

Ce jour là, notre tableau de chasse photo a été bien mince encore : une petite huppe au col de Rogers et un ours, enfin presque, à l'entrée de Revelstoke.

Alberta, nous voilà !

Alberta, nous voilà !

Le 8 octobre 2016

...on est parti peu après 7h. Le temps est bien dégagé ce matin, à mesure que l'on gagne en altitude, la température dégringole jusqu'à 1°. Nous attaquons la visite du Parc National de Yoho : le lac d’Émeraude (balade de 3 km) qui porte si bien son nom, où nous avons pu apprécier le silence parfait d'une nature inviolée ... jusqu'à ce que des ados hurlants se coursant en canoë annihile tous nos espoirs d'apercevoir le moindre animal. Francis suggère de retourner par un sentier de forêt. Mais aucune trace ne croise notre piste, la forêt est dense, aucun gros animal ne pourrait se déplacer dans ce fatras d'arbres enchevêtrés.

En remontant vers l'esssssstraordinaire cascade de Takakkaw, un arrêt pour le merveilleux pont naturel creusé par la Kicking Horse River, quelques lacets serrés pour gagner le départ de la courte promenade vers le pied de la chute. 254 m en 4 étapes, quand on lève le nez, il y a de quoi se choper un torticolis. La cascade est gelée une bonne partie de l'année. Pas encore, mais bientôt, l'endroit est glacial.

L'après-midi est un peu déroutante, le temps tourne à la pluie, puis à la neige : la première de la saison, rien que pour nous, veinards qu'on est. On essaye d'aller à Banff, la seule grosse bourgade du coin, histoire de faire du shopping. 1h aller + 1h retour et là-bas, pas moyen de s'arrêter : tout est en parking payant, apparemment 20$ les 2h, sauf qu'on trouve même pas les distributeurs de tickets, on a juste vu les distributeurs ambulants de PV.

Arrivés au village de Lake Louise, où nous devons passer 2 nuits, nous y faisons (par dépit ?) TOUTES les boutiques, 8 ou 9. Pour amortir notre journée, on serait même entré au bureau de poste s'il n'était déjà un peu tard. Francis s'achète des gants et un parapluie. Il se désole que les réalisations ne soient pas conformes à ses prévisions à lui, le grand planificateur. Même la météo aurait dû lui obéir, puisqu'il a choisi de voyager à la lune montante. Moi, je ne peux pas être déçue : je n'ai pas regardé le plan de voyage, donc tout est merveille et découverte. Et tant que j'ai internet le soir ... Je soulève le rideau, la neige recouvre déjà la voiture.

That's all, folks. A bientôt pour de nouvelles aventures avec Kat et Cissou.

Il neige !

Il neige !

9 octobre 2016
Hello vous tous qui vivez encore sans chapeau et sans moufle ! cette nuit ici au Lake Louise, la météo nous prévoit du -16° (j'ai bien dit MOINS SEIZE et celsius siouplait)
Cissou est un merveilleux organisateur de voyage, il se disait que le Canada sans neige, ça faisait pas authentique. Moi j'avais lu que par ici, dans les Rocheuses Canadiennes, la neige ne venait pas avant la mi-novembre. J'aurais du avoir plus de confiance en mon Francis : la neige, la première neige de la saison, est arrivée dans la soirée du 8 octobre en même temps que nous à Lake Louise. Plus de 10 cm au village. Que faudrait-il de plus ? Le soleil ? Et bien voilà ma p'tite dame, ya qu'à demander pour être servi.
Dans la montée vers le Lac Moraine, on était tellement émerveillés de cette route qui serpentait entre les arbres chargés de neige qu'on a du prendre 2500 photos de ces sapins de Noël féériques qui nous faisaient une haie d'honneur. Mais arrivés au lac, entouré de ses dix montagnes, on ne savait plus où donner de la tête. On a marché sur le sentier blanc, le long du l'eau. Le crissement sous nos pas de la neige fraîche, la première de l'année, a plaqué sur nos visages un sourire de béatitude.
Sans pour autant nous faire oublier que nous étions des touristes et qu'il fallait mitrailler pour alimenter à la rentrée les bonnes soirées diapos qui font bailler les copains. Comme disait Sacha Guitry : "En somme, je m’aperçois que les voyages, ça sert surtout à embêter les autres une fois qu’on est revenu ! " Ou même avant : ne croyez pas que vous couperez aux récits de nos aventures. Ça continue ... (Nota : le rouge dans le coin, c'est le gant que Francis s'est acheté hier)
Au lac Moraine, on a lu les consignes : vu qu'on est en territoire grizzli, on est prié de ne pas se promener en groupe de moins de 4.
Je me disais que les ours, qui savent tout, avait dû anticiper la précocité de l'hiver et s'étaient déjà couchés papattes en rond dans une petite caverne bien douillette. Cissou, fort de son instinct de grand chasseur, estimait ou plutôt espérait, qu'il pourrait toujours y avoir un isolé qui traîne encore, un original, un rebelle, le genre qui n'écoutait jamais sa maman quand il était petit. On a quand même fait une ou deux pistes rien que tous les deux et on n'a pas vu d'ours. Juste un écureuil, un corbeau et un renard argenté (qu'on n'a même pas réussi à prendre en photo), pendant notre incursion dans le Parc National des Glaciers, où nous retournerons explorer demain, c'est sur notre route vers Jasper.
Lake Louise est une commune, qui comporte :
⇒ une station de ski (où nous ne sommes même pas montés)
⇒ un village (où nous avons dormi, pas très loin de la voie ferrée, mais les trains canadiens sont très bien faits : si longs, que même quand on compte les wagons au milieu de la nuit, on se rendort avant le 50 ou le 60ème, c'est aussi efficace qu'avec les moutons)
⇒ et un lac qui même en demi-saison reçoit des milliers de visiteurs tous les jours
Cissou avait prévu la balade de FairView au Lac Louise, petite, mais costaude, surtout à cette altitude à laquelle nous ne sommes pas habitués.
Informations sur l'itinéraire
Distance : 1.83 km
Dénivelé positif : 139m
Dénivelé négatif : 142m
Point haut : 1863m
Point bas : 1729m
(j'ai juste lancé mon appli Visorando sur mon téléphone, et quand je suis arrivée à l'hôtel, c'était déjà tout transmis et enregistré sur le site où j'ai fait ces copies d'écran)
Et bien ! on l'a faite : un sentier raide, dans la neige verglacée par les centaines de pas qui nous avaient déjà précédés. Les promeneurs que l'on croisait nous enviaient les bâtons, transportés par avion au fond de nos valises.
On n'a presque pas glissé, on n'est presque pas tombés. Mais arrivés en haut, la récompense : quelle vue !
That's all, folks. A bientôt pour de nouvelles aventures avec Kat et Cissou.

Glaciers et Faune

Glaciers et Faune

Les 10 et 11 octobre 2016
... la route des glaciers nous a donné le même spectacle, faune et glaciers, mais avec des éclairages différents : le soleil était vraiment éclatant le 2e jour. Le contraste de la neige et du ciel bleu a sublimé les paysages déjà extraordinaires.

Ah ! depuis notre arrivée nous voulions voir des animaux. Eh bien, en Alberta, c'est mieux qu'à Thoiry. Parce qu'il faut chercher, pister, observer et identifier ! Certes on a bien un descriptif illustré de la faune. Mais les bestioles ça bouge tout le temps et ça fait des coquetteries pour montrer son beau profil. Nous avons donc accroché à notre tableau de chasse :

Des mouflons d'Amérique, en deux endroits : un groupe de 3 mâles au bord du lac Medecine. De front au milieu de la route, ils barraient le passage et quand on s'arrêtait doucement, le grand chef venait le long de la fenêtre. De tout évidence ils avaient monté une embuscade pour rançonner les voyageurs : ils mendiaient. A 50 km de là, deux troupes d'une dizaine de femelles gardaient les mouflets et les mouflettes, et leur apprenaient ce qui est c'est bon pour leur santé : ils raclaient tous en cœur le milieu de la route où s'était amassé du sel après le passage du service de déneigement. 3 troupeaux de wapitis juste à la sortie de Jasper, dont 2 avec des bois merveilleux et le port altier qui va avec. et aussi des orignaux, au crépuscule, sur la route du lac Maligne. 8 animaux , dont 2 mâles au port superbe, et l'un qui n'était pas content et commençait à charger la voiture. Et même un joli chipmunk, un tamia en Français, un tic-et-tac quoi, qui mangeait sa pomme de pin avec enthousiasme au-dessus de notre tête en faisant tomber ses épluchures partout.

C'est grandiose, mais pas franchement désert. Le glacier d'Athabasca, le plus accessible, car proche de la route, est même exploité sur le mode intensif : exploration avec guide sur le glacier, mais surtout accès au glacier par bus $$$. Les simples baladeurs du dimanche n'ont accès qu'au front du glacier, courte balade raide et glissante qui se fait en moins d'une heure, tandis que leur parviennent, dans cette nature sauvage, n'est-ce-pas, les effluves d'échappement des gros cars qui montent jusqu'en haut du glacier chargés de gens qui payent.

Le glacier d'Athabasca disparait peu à peu. En 125 ans, il a perdu la moitié de son volume et s'est rétracté de 1500 mètres. D'ici un siècle peut-être, il aura fondu, sera remplacé par une forêt et le lac qui a commencé à se former à son pied, s'étendra, comme il en est de tous les lacs de la vallée, témoins des glaciers disparus. Quelques siècles de plus et les torrents qui dévalent la montagne, charriant des débris de roche et de terre, finiront par combler ces grands lacs, c'est actuellement le stade du Lac Moraine, il commence à se rétracter. Or ces glaciers, comme l'Athabasca, constituent la ressource en eau douce de tout l'Ouest de l'Amérique du Nord. Leur disparition implique la désertification de ces terres. Le réchauffement climatique, responsable de cette évolution, est, au moins en partie, due aux activités humaines.

Les chutes d'Athabasca sont très spectaculaires. Des canyons où s'engouffrent des tourbillons puissants d'eau bleue. Le lac Peyto était un peu plus que sympa. L'un et l'autre ont donné lieu à des balades féériques, parfois raides : il n'y avait pas que la vue pour couper le souffle, la grimpette aussi. Mais avec la neige verglacée et piétinée, on avait au moins l'excuse de la précaution anti-glisse pour le faire lentement, hmm mais pas toujours dignement ...

That's all, folks. A bientôt pour de nouvelles aventures avec Kat et Cissou.

 Ce pays, ce n'est pas un pays, c'est l'hiver

Ce pays, ce n'est pas un pays, c'est l'hiver

12 octobre 2016

Chers abonnés ! Nous vous savons impatients de découvrir la suite de nos aventures palpitantes. Alors le mail d'aujourd'hui sera consacré notre adaptation à la vie dans le Grand Nord : sièges chauffants, système anti-dérapage et gratte-gratte pour le pare-brise (merci à RedNick pour la vidéo de préparation mentale à l'hiver canadien).

Noooon, je blague...

[ DROIT DE RÉPONSE - DROIT DE RÉPONSE - DROIT DE RÉPONSE ]

Mais avant tout, j'ai été saisie d'une réclamation de la part du peuple mouflon (Bighorn in the text). Je me dois donc cette rectification : les 3 beaux encornés du bord du lac Médecine ne mendiaient pas (pour ceux qui ne comprennent pas la référence, veuillez réviser les leçons précédentes). Nous sommes repassés une 3e fois au crépuscule sur cette route très giboyeuse et nous les avons rencontrés de nouveau. Ils étaient accompagnés des mouflones, des mouflets et des mouflettes, formant ensemble une belle troupe de 15 individus qui avaient encerclé une voiture et en léchaient le sel amassé sur les roues et les parechocs.

Dès 8 h ce 12 octobre, le ciel était sans le moindre nuage, j'ai sorti mes lunettes de soleil pour la première fois. Juste au-dessus de Jasper, où nous aurons passé 4 nuits, nous sommes montés au Lac Patricia et au lac Pyramide, au pied du Mont Pyramid. Le soleil du matin, éclairait le paysage de couleurs éclatantes et la montagne se reflétait dans le lac.

Nous somme allés jusqu'au départ du télé-féérique, d'où l'on jouit d'une vue dominante de tout Jasper en enfilade. Mais on n'est pas allé en haut, l'un de nous deux ayant le vertige et l'autre étant radin. En vrai, avec la neige fraîchement tombée, tous les chemins au sommet étaient fermés, alors que nous avions prévu d'y passer une demi-journée. pffff

Nous avons donc rejoint le canyon de Maligne et nous sommes promenés le long de cette gorge étroite et profonde (plus de 50 mètres par endroits). Les indications pour le cheminement sont à l'image de toute la signalisation canadienne, assez déficiente selon nos critères. Mais nous sommes en France tellement assistés par nos sublimes cartes IGN et Michelin, que nous avons sans doute perdu le sens de l'orientation et l'instinct de survie en milieu sauvage. Bref, nous avons pourtant survécu, mais les tours et détours sur des sentiers de chèvres ont laissé des souvenirs pendant 2 jours à nos jambes trop civilisées. Selon ce document, là : http://www.earthsciencescanada.com/geoperspectives/PDFs_fr/vistas6_mc_f.pdf , le Canyon Maligne n'est pas un canyon mais une gorge et s'il recrache plus d'eau qu'il ne semble en collecter, c'est qu'il siphonne en douce tous les étés le Lac Médecine, dont vous vous demandiez tous pourquoi c'était un lac éphémère. Bon, maintenant vous savez.

Après une virée shopping à Jasper assez décevante, donc stérile, nous avons lancé notre 3e expédition crépusculaire sur la route du lac Maligne. Et comme les deux premiers soirs, nous avons fait plein de rencontres passionnantes. Des orignaux de nouveau, dont un jeune qui avait une façon perso d'avaler les feuilles : il resserre ses dents sur la branche tout près de son attache et fait glisser sa mâchoire vers le haut jusqu'à l’extrémité, quand il lâche prise, il ne reste plus que le bois et il commence à mastiquer.  Et bien sûr, de nouveau, les maintenant célèbres mouflons du lac Médecine. Nouveauté : une biche, avec son faon, de la marque Cerf mulet ou Mule deer (puisqu'on est en pays bilingue). Elle est reconnaissable à sa robe grise, ses très grandes oreilles et une queue blanche avec la pointe noire. (On commence à être documentés et organisés, encore 2 jours et on sera fin prêts).

En fin de matinée le 12, nous étions revenus, une 3e fois aux chutes de l'Athabasca pour les admirer sous une autre lumière. C'était toujours aussi grandiose et saisissant ... de froid ! Elle dégage une atmosphère glaciale. La rivière est issue du glacier, 70 km en amont, et tient à se montrer digne de ses origines et de sa destination : l'océan arctique. Malgré le rayon de soleil sur les tumultueux rugissants, les stalactites avaient décuplé depuis la veille.

Et c'est parti pour un tour de piste ...

Et c'est parti pour un tour de piste ...

Le 13 octobre
...quand nous avons emprunté de nouveau ce boulevard des glaciers (Icefield parkway), le ciel gris avec son plafond haut ne nous avait pas préparés à la neige et au froid pénétrant qui s'accentuait à mesure que l'on remontait le cours d'eau. Un peu avant le glacier, la rivière était par endroit gelée. Au droit du glacier, le vent, en rafales violentes, soulevait des tourbillons de neige en travers de la route qui était devenue toute blanche. On devinait à peine le glacier, vers lequel nous avions randonné la veille sous un soleil très vif.

On passe le glacier, en allant vers le Sud et en moins de 50 mètres, la tempête s'arrête : la température est remontée de 3°, la route est sèche et les bas-côtés ont retrouvé les couleurs des rochers et de la végétation. Stupéfiant !

 Francis me rassure et m'annonce que tout est conforme à ce qu'il a prévu aujourd'hui pour notre stage de préparation à l'Alaska. En fait, ce 13 octobre (qui n'est pas un vendredi) nous aurons effectué une boucle de 560 km, dont 125 de piste (unamended road, comme ils disent). On va simplement faire le tour de la chaîne des monts Maligne. A mi-parcours du boulevard des glaciers, on bifurque vers l'Est dans la vallée du Saskachevan (qui est aussi un joli glacier). On bénéficie d'une nouvelle petite tempête de neige, mais quand la rivière fait place au lac Abraham, brusquement le soleil et le ciel bleu transforment le lac en une mer des Caraïbes, turquoise. Enfin vu de derrière le carreau, car c'est encore un vent glacial qui soulève les jolies vaguelettes, crêtées de blanc qui viennent s'éclater sur les rives de ce lac de barrage.

 On longe maintenant la chaîne des Maligne. On hésite d'abord à prendre la route 40, un peu avant l'ancien village minier de Nordegg. Bien sûr, on n'avait pas trop remarqué que ces 125 km étaient tracés d'une autre couleur sur la carte. Mais nous avons un 4x4, avec système de désenlisement et un pilote formé aux verglas de Lorraine et aux pistes africaines. C'est parti ! Le long de cette piste, aucune habitation, mais de nombreuses exploitations : forestières, carrières, mines de charbon, gisements de pétrole. Et donc tout le trafic technique qui va avec. Pas le moindre touriste. Et nous n'aurons croisé aucun animal, sauf les 3 chevaux en vadrouille après le lac Abraham et le corbeau posé sur un petit lac gelé.

 Belle journée, sans doute un peu lassante pour le pilote, mais avec de nombreux paysages nouveaux, des collines qui sont naturelles et d'autres des terrils enneigés et aussi de très beaux camions (j'adore les camions), qui dévalaient les pistes à toute berzingue. On  finit par retrouver la civilisation avec la petite ville de Hinton et son "car wash" qui rend à notre Nissan son aspect d'origine. La boue avait complètement opacifié la vitre arrière et la plaque d'immatriculation avait disparu.

 That's all, folks. A bientôt pour de nouvelles aventures avec Kat et Cissou.

La boucle est bouclée

La boucle est bouclée

14 et 15 octobre 2016

Coucou, c'est nous ... encore une fois, mais ce sera tout.

Deux jours de voyage pour revenir des Rocheuses sur le Pacifique, on pourrait dire qu'on a pris son temps. Et bien, on n'a pas tant musardé que cela. Mais on était très fiers d'avoir pu emprunter la TransCanadienne du Nord (N°16), la célèbre (si si si) Yellowhead. Ce n'était pas le même trajet qu'à l'aller, mais pour rejoindre la TransCanadienne classique, la N°1, il aurait fallu emprunter les 230 km de l'Icefields Parkway, qui ne méritait pas son nom de "Promenade" des Glaciers par ce temps de chien (de traineau).

Nous voilà partis à traverser 200 km de pays sans voie de traverse, sans ville ni village. Les premiers kilomètres depuis Jasper, dans une tempête de neige sur une route non déblayée, ça fait baisser un peu la moyenne. On roule à 50, certains autochtones vont plus vite, surtout les camions. Au bout de 50 km, la neige ne tombe plus, on longe un chapelet de petits lacs tout noirs. La route est une pataugeoire de neige fondue sale. Surtout, ne pas freiner ... Même pour notre pilote lorrain, ça patine joli. Les sapins enneigés dévalent les collines jusques à l'horizon. Les sommets des montagnes se cachent dans les nuages. On longe maintenant une rivière, les berges sont blanches, mais l'eau ne gèle pas.

Un grand lac sur notre gauche, une dizaine d'oiseaux y sont posés. L'eau du lac est verte, le ciel est plus lumineux. Brusquement, plus de neige, nulle part. Les sapins sont tout verts et n'ont pas connu la neige depuis l'hiver passé. Nous sommes dans le Parc National du Mont Robson, tout est fermé, tout est désert. On roule depuis 2 heures et on est revenu en Colombie Britannique. Des bouleaux rouquins s'intercalent avec les sapins. La forêt devient plus colorée, et la température passe au-dessus du zéro. On traverse la rivière Fraser et à Valemount, on quitte la Yellowhead pour s'embrancher plein sud vers  Kamloops qui sera notre étape du soir. On voit enfin les montagnes, le ciel bleu se fait moins rare, les champs remplacent les forêts. Quelques fermes et troupeaux de vaches entre Avona et Clearwater. La route est à nous, presque sèche, au fond d'une large vallée. Kamloops ... une agglomération de bonne taille, avec un vrai centre-ville (je veux dire avec des immeubles à étage), beaucoup d'activités, de commerces, d'écoles et de pollution. On a rejoint la Transcanadienne, l'authentique, la N°1.

Le 15 octobre, un beau soleil et une jolie lumière du matin, rasante, éclaire les collines dénudées brunes et jaunes qui bordent le lac de Kamloops. Un élevage de porcs, au fond d'un repli de terrain : l'explication de ce qui nous parfume les naseaux depuis 10 bonnes minutes. A Cache Creek, la station-service fait presque salon de thé. Trois vieilles dames bavardent avec la patronne, achètent des sucreries, commentent les nouvelles du village, grattent des tickets de loterie et boivent du chocolat chaud. On a tout le temps de s'imprègner ce moment de vie locale, car il faut attendre qu'elles en aient terminé pour accéder au droit de payer le carburant. C'est sympa, même si je ne comprends pas tout.

On descend la rivière Thomson, issue du lac de Kamloops, la vallée est encaissée, avec quelques rapides entre de gros rochers noirs. Les pentes raides portent parfois la trace d'incendies anciens, striées par les grands troncs noirs couchés des sapins brûlés qui n'ont pas repoussé. Les roches brunes, noires et rousses sont par endroits éclairées par des feuillus en buisson qui ont pris les couleurs de l'automne.

Hope est à 200 km, c'est la capitale mondiale de la sculpture sur bois à la tronçonneuse. Et il y en a quelques unes à découvrir, disséminées dans la petite ville.

La fin du parcours nous reconnecte un peu brutalement avec la civilisation : autoroutes congestionnées, ruses pour éviter les embouteillages, banlieues industrielles,  samedis près des centres commerciaux, tout est là pour nous aider à remettre les pieds sur terre. Nous sommes déjà presque de retour.

That's really all, folks. Nous sommes arrivés au bout de la route. A bientôt !  Kat et Cissou

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