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Le Revest-les-Eaux
Notre Revest est un village haut perché qui a gardé tout son caractère de par sa localisation particulière. Il est campé sur un piton rocheux, au fond d’une vallée en cul de sac, c’est là l’origine de son nom. Il n’est donc pas traversé par le flux continuel de la civilisation et au Vieux Revest, les habitants ont conservé les usages d’autrefois, enfin presque.
Ici, tout le monde connaît tout le monde, impossible d’aller d’un endroit à l'autre sans rencontrer vingt connaissances et il serait inconcevable de ne pas s’arrêter pour discuter un moment avec chacun. La traversée du village est pour un Revestois comme une visite de la famille, certes très sympathique, mais qui implique de bien prévoir son temps de parcours. Ici, le technicien de surface est encore un aimable balayeur toujours prêt à un brin de conversation et les gens appellent encore le prêtre Monsieur le Curé.
Pas d’automobile, ou si peu, vu l’espace disponible et l’étroitesse des rues. Et à propos des rues ou plutôt des ruelles, elles s’enroulent en cercles concentriques autour de la Tour-donjon et sont reliées par des traverses, calades raides souvent en escalier. Rien n’est plat au Revest et les Revestois ont tous du souffle et des jambes musclées, il en faut pour habiter ce rocher.
Les maisons du Revest sont resserrées et les jardins bien rares. Aussi les villageois investissent pacifiquement un peu de l’espace public, peut-être comme une survivance traditionnelle de ces aires communautaires qui étaient à chacun et à personne. Vous voyez un banc, une table, des plantes vertes, du linge qui sèche, un arrosoir qui se remplit à la fontaine. Non, non, vous n’êtes pas entrés dans une cour privée, toutes les ruelles, placettes et passages ont des noms, choisis avec soin lors de conseils municipaux. Toutes ces voies sont tracées sur les plans de ville, mais ne sont pas numérotées sur les plans cadastraux : la preuve qu'elles appartiennent au domaine public communal et en tant que telles, elles vous sont toutes ouvertes, vous pouvez passer partout, vous y êtes invités pour bien vous imprégner de l'esprit du village. Comme sur la place Langevin et son beau murier platane ou la place Desambrois, sa fontaine, ses pots de fleurs et les petits bancs des riverains.
N'abusez pas quand même de ce droit de déambuler : ces endroits sont PARTAGÉS, à l'instar des forêts où se croisent chasseurs, promeneurs, cyclistes. Et l'espace y est si contraint que pour un peu d'intimité, les villageois ne peuvent compter que sur une discrétion mutuelle, devenue naturelle et qu'il vous faudra adopter si vous ne souhaitez pas passer pour de grossiers touristes.
Tous ceux qui habitent le village, vieilles familles ou nouveaux arrivants, ont choisi ce mode de vie communautaire et convivial, riche d'échange et d'entraide, comme on le vivait autrefois. Sous les cieux de Provence, on vit beaucoup dehors. Voyez l’artère centrale, la rue du maréchal Foch, celle qu'on appelait la Grand'rue ou la rue Longue, avant de vouloir honorer ce chef de guerre, de la Grande Guerre : elle est bordée de bancs de pierre où les anciens s’assoient pour profiter de la fraîcheur des soirées estivales. Allez ! Prenez votre élan, grimpez par les ruelles, explorez l'esplanade de la Tour, à l'intérieur des anciens remparts. Qui souvent ne sont plus que vestiges. Que l'on devine entre les vieilles pierres de ces hautes maisons étroites. Puis redescendez vous reposer sur le bancaou de l’église ou à la terrasse d’un café.
Texte de Katryne Chauvigné-Bourlaud publié initialement pour la société d'histoire locale 🔗 Les Amis du Vieux Revest.
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Déclaration d'intérêts : Je ne suis de métier ni historienne ni journaliste. Mais j'ai habité quelques années au Brusc. Et j'ai travaillé quelques temps aux Lecques...
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Marseille
Marseille n'est pas une ville pour touristes.Il n'y a rien à voir. Sa beauté ne se photographie pas. Elle se partage. Ici, il faut prendre partie. Se passionner. Être pour, être contre. Être, violemment. Alors seulement ce qui est à voir se donne à voir. (Jean-Claude Izzo - Total Khéops - 1995.)
Le Train des Pignes 2002
Nice
Toulon
Les marins en détresse peuvent tout demander à Toulon : refuge contre les vents violents, abri contre la houle, chantier contre la mécanique capricieuse, réconfort contre le mal du pays. Un don de la nature, cette rade profonde. Certes, mais une nature restructurée et l’homme l’a tant et tant travaillée depuis deux millénaires que l’on conçoit à peine la réalité initiale.
Crédit photo : © John Walzl
Les Romains ne sont pas bon marins. Ils naviguent près des côtes et leurs galères s’efforcent de trouver chaque soir un abri côtier. C’est à Fréjus qu’ils installent un portus, une base d’hivernage, en 49 avant notre ère. Ils négligent alors Toulon, à juste titre. La rade est grande ouverte vers l’est. Deux rivières, le Las et l’Égoutier, descendent de chaque côté du Faron et leurs deltas vaseux ne sont perturbés que par des crues violentes et soudaines. En résumé, Toulon est un vaste marécage d’accès difficile, l’arrière-pays s’avère inaccessible et les montagnes boisées qui enserrent le lieu semblent inhospitalières, même si elles protègent la rade des vents et des incursions terrestres.
Pourtant, en moins de deux siècles, les Romains vont installer un vrai portus dans la rade. Ni dans l’endroit le plus profond (les galères ont des fonds plats), ni dans le plus abrité : en termes nautiques, le Creux-Saint-Georges ou l’anse de La Seyne sont plus sûrs. Non, ce qui les intéresse, c’est l’eau douce, rare sur la côte rocheuse de Provence. Or, non loin du rivage, au pied du Faron, surgit une source abondante et pérenne. Tellement prodigieuse que les indigènes l’honorent sous le nom de Telo, Dieu des eaux.
Le terrain a été tant de fois remanié que peu de vestiges racontent cette époque. Les quais à galères ont pourtant laissé des traces. Sur un petit bras de mer à l’embouchure de l’ancien lit du Las, près de la teinturerie que les Romains ont établi : un établissement réputé dans tout l’empire pour sa production de pourpre.
La pourpre et le murex
La pourpre est à l’origine réservée aux empereurs, tant elle est rare et chère. Par la suite, ils permettent de la diffuser, tout en conservant le monopole, très rentable, de son commerce. La teinturerie de Toulon produit les deux sortes de pourpre, la tyrienne, de couleur rutilante et la sidienne plus proche de l’améthyste. Les historiens en ont déduit que les Romains ont trouvé dans la rade les deux espèces de murex dont sont tirées les pourpres. Or, on n’y a jamais retrouvé ce coquillage, mort ou vif.
Une traduction plus récente des textes de l’époque pourrait indiquer que les produits tinctoriaux sont alors importés à Toulon pour y être traités : le port bénéficie d’une eau douce abondante et sa situation géographique permet d’approvisionner en étoffes teintes la clientèle régionale. Murex locaux ou d’importation : le mystère persiste et l’enquête reste ouverte.
Les Romains savent identifier les ressources naturelles pour une implantation industrielle et commencent à les aménager. Ils canalisent l’eau de Dardennes en deux branches, l’une vers la teinturerie du Las, l’autre vers un centre résidentiel, entre les deux marécages de Castigneau et de la Rode. En construisant les installations portuaires nécessaires à leurs activités économiques, les Romains donnent à Toulon sa vocation maritime.
Au fil des siècles, les Toulonnais vont aménager la nature, avec constance, pour construire leur cadre de vie. De grands travaux vont s’échelonner du XVI° au XIX° siècle pour exploiter les avantages du site et faire de la rade, selon l’expression de Vauban, « la plus belle et la plus sûre de la Méditerranée ».
Charles VIII, le premier, donne à Toulon l’essor économique d’un chantier naval. Obsédé par l’Italie, il veut une force navale en Méditerranée. Il y fait construire et armer les premiers navires de la Royale : pour les galères en Arles et à Marseille, pour les galiotes à Toulon.
La galiote à voile était utilisée pour le commerce et la galère à rames pour la guerre. Au XV° siècle se répand l’usage du canon et la galiote peut en embarquer plus que les galères. C’est le début de la fin pour les galères. Les flottes se transforment, avec des conséquences en termes portuaires. Les galères, maniables et à fond plat, se contentaient de peu de profondeur. Les nefs ont un grand tirant d’eau, exigent de l’espace pour mouiller et appareiller à la voile. En Provence, seule la rade de Toulon, profonde et vaste, répond à ces exigences.
La naissance du port de guerreAvant 1590, le port à Toulon est une plage étroite devant laquelle on maintient un barrage flottant, qui ne garantit en rien la sûreté nautique et militaire. Le seul quai est le petit môle Médicis construit en bois en 1310, refait en pierre en 1507.
En 1595, Henri IV fonde à Toulon l’arsenal maritime. Il entoure la ville d’une enceinte en forme d’étoile à 7 branches, avec des murailles de 15 mètres de hauteur. Les fortifications sont prolongées dans la mer par deux grands môles formant le premier véritable port : la vieille darse. Elle abrite port de commerce et port de guerre.
Un siècle de plus et Vauban agrandit l’arsenal : il construit des cales de radoub, double le plan d’eau militaire avec la darse neuve, élargit vers l’ouest l’enceinte fortifiée enserrant la ville et le port. Il assèche vingt hectares de marais en détournant le Las vers Lagoubran et l’Égoutier vers le Fort Saint-Louis, « deux rivières qui semblaient avoir fait société pour boucher le havre de Toulon ». A la fin du XVII° siècle, Toulon est devenu un arsenal et un grand port de guerre.
Jusqu’à la construction de la grande jetée en 1883, l’entrée de la rade est située plus à l’intérieur et sur un axe Est-Ouest entre deux pointes distantes de mille mètres. La jetée, qui mesure plus de 1500 mètres, a déplacé l’entrée d’un quart de tour vers le large et vers l’Est. Elle casse la houle venue de l’Est et laisse, au droit de la Tour Royale, une petite passe et une grande de 400 mètres face à Saint-Mandrier, que peuvent emprunter les plus grands des navires. Assurant enfin la sécurité, militaire et nautique, des navires qui s’y abritent, la digue constitue le dernier des grands travaux d’Hercule par lesquels les hommes ont modifié la rade pour la transformer définitivement en la plus belle et la plus sûre de la Méditerranée.
Pour aller plus loin : Toulon rêve de son île au milieu de la rade
La maison de Blasco Mentor à Solliès-Toucas
La Casa Nieves, est la maison-atelier, créée à Solliès-Toucas par le peintre, sculpteur et muraliste Blasco Mentor (1919-2003), où il vécut avec Neige Nieves son épouse, depuis leur exil d'Espagne en 1939, partageant temps et travail avec son atelier parisien. La demeure de Blasco Mentor, qu’Hervé Bazin désignait comme « l’un des derniers princes catalans de la peinture », n'a cessé de s'agrandir et d'évoluer depuis le milieu du XXe siècle, pour devenir une ville d'artiste ouverte sur le ciel provençal. De la vente de ses œuvres (échangées parfois contre un portail, une cheminée), année après année, Mentor invente ce lieu surprenant aux espaces répondant davantage aux caprices de l’auteur qu’à quelque logique architecturale. Peu à peu, nombre d’objets de tous genres, de toutes origines, associés aux peintures et sculptures de l’artiste, inventent un monde singulier, plein de surprises. Du modeste cabanon, ancien oratoire acquis dès l’après-guerre, l’extraordinaire Casa Nieves, accrochée à la colline, implantée sur près d’un hectare de terrasses et restanques, constitue une composition étonnante qui ne se réduit pas au bâtiment. Les dallages, carrelages et ciments pigmentés relient intérieur et extérieur. Les Jardins, création de Mentor, participent à la richesse de l’ensemble : restanques, terrasses, escaliers, fontaines, ponctuent la montée vers la maison, habitée de personnages mythologiques, minotaures, sphinges, animaux fantastiques, oiseaux, créations de Mentor, parmi les oliviers, cyprès, plaqueminiers, arbres de Judée, buis, lauriers, jusqu’au grand bassin dominé par une autre sculpture spectaculaire, un Nu monumental.
Selon la description de la Fondation du Patrimoine